Sandor Marai est un auteur que je n’avais pas encore eu l’occasion de lire et c’est avec « Les Braises » que je le découvre, grâce au podcast littéraire Bibliomaniacs.
Au début des années 40, dans un château de Hongrie, Henri, un général à la retraite, reçoit la visite de Conrad, qui fut son meilleur ami, mais qu’il n’a pas vu depuis 41 ans. Très vite, on comprend qu’un événement les a séparés brutalement, et qu’Henri attend de ces retrouvailles des réponses à ses questions…
J’ai beaucoup aimé ce huis clos situé dans ce château aux accents gothiques, vestige d’une époque impériale révolue . J’avais l’impression d’être au théâtre et de regarder une pièce, et j’ai vraiment adhéré à ce que proposait l’auteur hongrois, et notamment au schéma narratif. En effet, presque tout le livre est composé d’un dialogue entre les deux hommes, ou plutôt d’un quasi-monologue puisque c’est surtout Henri qui parle. C’est via les souvenirs qu’il partage que l’on revient sur l’amitié entre Henri et Conrad, qui se sont rencontrés alors qu’ils étaient très jeunes. Les amitiés masculines sont finalement assez rares en littérature, surtout lorsqu’elles tournent au vinaigre, et j’ai apprécié cet aspect du roman. Les deux garçons ont été inséparables jusqu’à l’âge de trente ans, malgré deux grandes différences entre eux, finalement beaucoup plus importantes qu’elles n’y paraissaient, ou tout du moins qu’Henri ne le pensait: une différence de classe sociale et de fortune – Henri faisant partie d’une grande famille proche de l’Empereur François-Joseph, Conrad venant d’une famille beaucoup plus modeste, mais aussi une différence de caractère et de goût, Conrad faisant preuve notamment d’une fibre artistique qu’Henri n’avait pas du tout.
Il y a une vraie tension dramatique dans ce livre, qui augmente au fur et à mesure que les heures passent. Ce fil conducteur m’a tenue en haleine, avec quand même une petite pointe de déception à la toute fin car je m’attendais à un final explosif, à une conclusion pleine de panache.
Ce court roman m’a sortie de mes habitudes de lecture, et j’ai aimé cette confrontation présentée dans un écrin suranné. Un livre que je conseille, et qui me donne envie de continuer à explorer l’œuvre de Sandor Marai.
Publié au Livre de Poche, traduit par Marcelle et Georges Régnier, 224 pages.
Retrouvez ce roman à l’affiche du 115e épisode de Bibliomaniacs ici.
J’ai déjà lu des romans montrant une amitié masculine qui se brise : L’ AMI RETROUVÉ, de Fred Uhlman, et INCONNU A CETTE ADRESSE, de Kathrine Kressmann Taylor.
J’ai ce livre de Sandor Marai qui m’attend…Ta chronique est persuasive et va m’inciter à ne pas trop tarder…
oui, surtout qu’il se lit vite !