« Sillages », premier roman de l’autrice grecque Kallia Papadaki est une saga familiale qui évoque l’immigration grecque aux Etats-Unis à travers un père et son fils, Andonis et Basil Kambanis.
Andonis est un jeune homme lorsqu’il arrive dans le New Jersey, à Camden, banlieue de Philadelphie, à l’époque en plein essor, juste après la Première Guerre Mondiale. Il va tenter de trouver sa place dans ce pays inconnu, dont il ne maîtrise pas la langue, loin de son île natale et de la mère qu’il a laissée là-bas, et de s’élever socialement. Mais sa vie va connaître de petits hauts et de nombreux bas : il va notamment frayer avec la mafia italienne, ouvrir un commerce, se heurter à la crise économique, avoir un foyer familial perturbé par les soucis de santé de son épouse…
Les chapitres qui racontent la vie d’Andonis, des années 20 aux années 40, alternent avec ceux qui se déroulent en 1980, alors que Basil, son fils, est quadragénaire. Son couple avec Susanne bat sérieusement de l’aile, la fille de celle-ci, Lito, qu’il élève depuis qu’elle est bébé, est une adolescente rebelle, Susanne a recueilli une camarade de classe de celle-ci, Minnie, dont la mère est morte, ce qui vient perturber l’équilibre déjà précaire du foyer, et ni sa maison ni son restaurant ne valent plus grand chose dans une ville qui part à vau-l’eau.
L’autrice évoque l’immigration via un angle original – Andonis et Basil représentant les deux faces d’une même pièce: le père n’est jamais retourné dans son pays natal et veut trouver sa place aux Etats-Unis. Le fils se retrouve dans une impasse dans tous les domaines : amoureux, familial, professionnel, financier, et n’envisage qu’une porte de sortie : aller dans son pays d’origine, qu’il ne connait pas, pour se réinventer. Mais à travers l’histoire de ces deux hommes sur une soixante d’années, c’est aussi l’histoire de Camden que raconte judicieusement Kallia Papadaki, un des fleurons de l’industrie américaine, avant de décliner jusqu’à être élue ville la plus dangereuse des Etats-Unis.
J’aime beaucoup les sagas familiales, et il y a peu de livres qui évoquent l’immigration grecque aux Etats-Unis. J’ai donc lu ce roman avec intérêt, même si j’ai regretté qu’il y ait autant de personnages, et de circonvolutions dans un format aussi court (250 pages). En effet, mon attention était souvent détournée d’Andonis et de Basil par des sous-intrigues, et des personnages secondaires, et cet éparpillement a nui à l’attachement que j’aurais pu avoir pour les deux hommes. Par exemple, le premier chapitre pourrait laisser à penser que le personnage principal est Minnie, alors que ce n’est pas du tout le cas, cette enfant à qui l’on s’attache passant rapidement au second plan dès qu’elle est recueillie par la famille Kambanis.
Malgré ces bémols, « Sillages » est un livre intéressant et très bien écrit, qui donne envie de retrouver l’autrice pour un second roman.
Publié en Août 2020 chez Cambourakis, traduit par Clara Villain, 268 pages.
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