C’est pour Bibliomaniacs que j’ai découvert le roman de LP Hartley, « Le Messager », publié en 1953 et qui a été réédité récemment.
En 1960, Léon Colston, un homme âgé, se souvient, en retrouvant des objets de son enfance, de l’été 1900, qui a changé à jamais sa vie. A l’époque, il avait douze ans, et était scolarisé dans un pensionnat. Ce jeune garçon un peu mystique, en décalage avec la plupart de ses camarades, s’était néanmoins lié d’amitié avec Marc, un autre élève, qui l’avait invité à passer les vacances dans son manoir familial. Léon avait découvert, intimidé, un milieu aristocratique, beaucoup plus aisé que le sien, dont il ne maîtrisait pas tous les codes. La grande sœur de Marc, Marian, fiancée à un vicomte, l’avait rapidement sous son aile, mais n’avait pas tardé, sous couvert de leur amitié, de lui demander de servir de messager entre elle et un jeune fermier des environs, Ted Burgess…
« Le Messager » est un très beau roman, au charme suranné, et très anglais. On y retrouve un pensionnat, un manoir, et des rituels de l’époque victorienne aujourd’hui tombés en désuétude. Le triangle amoureux qui est narré et – on le comprend bien vite – le drame qui va se jouer – est vu à travers les yeux de ce jeune garçon un peu naïf, qui veut plaire et rendre service, et se retrouve embarqué dans une histoire dont il ne comprend pas forcément la teneur ni les conséquences. Et c’est le même Léon, soixante ans plus tard, qui pose le regard sur le petit garçon qu’il était, et qui cherche à régler cette histoire qui n’a cessé de le hanter.
Ce roman d’apprentissage sur fond de différence de milieux sociaux est très bien écrit et passionnant du début jusqu’à la fin. Ce genre de livre n’est pas forcément ma tasse de thé (sans jeu de mot) et pourtant j’ai été sensible à son charme – nul doute que les lecteurs adeptes de littérature anglaise et d’époque victorienne seront donc enthousiasmés… J’ai également envie de découvrir l’adaptation cinématographique de Joseph Losey, couronnée de la Palme d’Or en 1971…
Publié chez Belfond, traduit par Andrée Martinerie et Denis Morrens, disponible en poche chez 10/18.
A l’affiche du 118eme épisode du podcast littéraire Bibliomaniacs ici.
j’ai écouté le podcast, je ne connaissais pas non plus
par contre le triangle amoureux .. j’ai pensé à Expiation du coup en te lisant, j’espère que c’est pas identique ?
Ian Mc Ewan s’est effectivement inspiré du Messager pour écrire Expiation !