Susie Morgenstern est une autrice qui a marqué ma jeunesse, tout comme Marie-Aude Murail : je garde d’excellents souvenirs de « La Sixième », « Les Deux Moitiés de l’Amitié », « La Première Fois que j’ai eu Seize Ans » ou encore « Lettres d’Amour de 0 à 10 ans ». J’aime les livres de Susie Morgenstern mais aussi sa personnalité solaire (à retrouver par exemple dans le « 21 cm » d’Augustin Trapenard).
Une personnalité que l’on retrouve complètement dans « Mes 18 Exils », autobiographie à la construction originale – le récit est globalement chronologique mais découpé en chapitres qui racontent chacun un exil : être une fille, être juive, être une intello, être amoureuse, être mère, être immigrée, être veuve, être malade…
Susie Morgenstern est née en 1945 dans une famille juive, à Newark (qui est également la ville de naissance de Philip Roth et de Paul Auster). Elle est très proche de sa mère et de ses sœurs, femmes à la forte personnalité. Susie, quant à elle, est l’intello du foyer, qui éprouve un grand bonheur à aller à l’école, apprendre, lire, écrire – une passion qui ne la quittera jamais.
Alors qu’elle effectue une année d’étude en Israël, elle croise à la cantine de l’université un jeune mathématicien français qui est là pour un colloque, et pour qui elle a un coup de foudre. En épousant Jacques Morgenstern, elle quitte les Etats-Unis et sa famille adorée pour s’installer en France (à Nice) un pays où elle n’a jamais mis les pieds, où elle ne connait personne, et dont elle ne maîtrise ni la langue ni les codes…
Quel plaisir de lire cette autobiographie! Nul doute qu’elle plaira beaucoup aux nombreux fans de l’autrice, même si elle aborde finalement très peu l’écriture dans ce récit. Elle parle sans langue de bois, mais avec beaucoup de tendresse de ses parents, de ses sœurs, de Jacques son grand amour, de ses filles, ses petits-enfants, de Georges avec qui elle a refait sa vie après un douloureux veuvage, de ses amis. Elle évoque également son rapport au judaïsme, son identité, ses difficultés à s’intégrer en France, sa carrière d’enseignante (curieusement peu épanouissante) et les épreuves qui l’ont frappée.
Susie Morgenstern est assez cash, mais elle a cette approche non-conventionnelle, ce côté enthousiaste et optimiste, qui sont très rafraichissants: elle a vécu des événements tragiques, des situations difficiles, elle s’est parfois trompée, elle a des regrets … mais elle a une énergie ultra positive, un goût pour le bonheur, un côté enfantin, frondeur, qui font beaucoup de bien.
Comme dans ses romans, Susie Morgenstern parle ici des choses de la vie, et notamment de sujets importants, graves, tristes, avec conviction, humour et beaucoup d’humanité. Une très belle autobiographie!
Publié en Avril 2021, 295 pages.