Printemps et autres saisons – Israël Joshua Singer

Première participation au Challenge « Mai en Nouvelles » de 2021, créé par Marie-Claude et Electra, « Printemps et Autres Saisons » est un recueil d’Israël Joshua Singer (oui, c’est le frère d’Isaac Bashevis), publié initialement en yiddish en 1937.

Dans « Printemps », Hersh Leyb, un conducteur de troupeaux peu religieux qui passe l’essentiel de son temps avec des paysans non-juifs, a pourtant à cœur d’être de retour dans son village pour les fêtes, afin d’être auprès de sa femme et ses enfants, se rendre à la synagogue et commémorer le décès de ses parents. Son retour pour Pessah est pourtant compromis par le gel de la Vistule qu’il doit traverser…mais Hersh Leyb ne s’avoue pas vaincu pour autant…

Dans « Sur la Tombe des Parents », Nathan Goldblum, ouvrier expérimenté dans un atelier d’horlogerie à New-York, décide de prendre quelques semaines de vacances pour se rendre au cimetière où sont enterrés ses parents en Pologne et leur offrir une pierre tombale. Avec ses dollars, il est accueilli dans sa petite ville d’origine comme un prince…

Dans « Détresse », la jeune Mary Rabinovitch est une comptable au chômage qui désespère de retrouver un emploi à Varsovie et tombe rapidement dans la précarité. Dans « Bella Saradaci », Bella Katz est une jeune fille qui a des tendances mythomanes et qui décide sur un coup de tête de quitter les Etats-Unis en prenant un bateau pour Paris…

J’ai beaucoup aimé ce recueil de nouvelles, toutes les quatre très différentes mais très bien tournées – même si j’ai regretté qu’il manque peut-être une véritable chute à « Détresse », un peu trop courte à mon goût. « Sur la Tombe des Parents », 85 ans après sa publication, reste particulièrement moderne en mettant en scène un émigré polonais qui revient dans son pays d’origine et, événement grisant pour lui,  qui y est vu comme un homme riche, un excellent parti, une grande opportunité, alors qu’à New-York il n’est qu’un ouvrier qui vit petitement dans un logement exigu et bruyant d’un quartier pauvre. La plupart des personnages de ce recueil sont d’ailleurs tiraillés entre ce qu’ils sont et ce qu’ils voudraient être (Hersh Leyb aimerait être un Juif vertueux alors qu’il vit la plupart du temps hors de la religion et dans le péché), ou ce qu’ils sont et ce qu’ils veulent faire croire (Bella est mythomane et se complait, presqu’au péril de sa vie, dans ses mensonges ; Nathan vit une parenthèse enchantée mais devra bientôt se confronter à la réalité)

Mais difficile d’oublier que ce recueil a été publié juste avant la Seconde Guerre Mondiale, ce qui donne parfois un angle de lecture assez particulier pour le lecteur d’aujourd’hi: ne vaut-il pas être pauvre et malheureux à New York à l’aube des années 40 que de mener la belle vie dans une petite ville polonaise? et que deviendra dans quelques années cette jeune fille si elle reste à Paris?

Un recueil court et de qualité, parfait pour découvrir l’oeuvre d’Israël Joshua Singer ! 

Publié en 2017 chez L’Antilope, traduit par Monique Charbonnel-Grinhaus, 160 pages.

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