Comme je vous le disais, Mai a été un mois « Dan Chaon » pour moi, puisque j’ai lu…deux romans et deux recueils de nouvelles de cet auteur américain, dont « Le Livre de Jonas », son premier roman.
Ce livre raconte l’histoire de deux demi-frères, Troy et Jonas. Leur mère Nora a accouché de Troy quand elle était lycéenne et a dû le faire adopter. Quelques années plus tard, elle s’est retrouvée mère célibataire de Jonas, qu’elle a gardé, même si elle ne s’en est vraiment jamais occupée, l’enfant étant plutôt élevé par son grand-père. Jonas a toujours été solitaire, et un peu bizarre. Surtout, il a été attaqué par la chienne de son grand-père lorsqu’il était enfant et s’en est sorti couvert de cicatrices, notamment au visage.
Alors qu’il a une vingtaine d’années, sa mère, qui souffrait de problèmes mentaux, décède et Jonas décide de partir à la recherche de Troy. Il découvre un père célibataire qui tente de récupérer la garde de son fils, confié à sa grand-mère maternelle lorsque Troy a été arrêté pour trafic de drogue. Sans révéler à Troy qu’il est son demi-frère, Jonas se fait engager comme cuisinier dans le pub où celui-ci est barman…
« Le Livre de Jonas » est très différent de « Cette vie ou une autre » ou d’ « Une douce lueur de malveillance » : on sent que c’est un premier roman, il est beaucoup moins dense et tortueux que les ouvrages suivants de Dan Chaon. En revanche, il est également plus accessible, malgré les flashbacks qui déstructurent l’intrigue (et qui fonctionnent bien, mais je pense que j’aurais plus apprécié le livre si la trame narrative avait été plus linéaire).
J’ai lu avec beaucoup d’intérêt cette histoire de deux frères qui ne se connaissent pas: Troy, qui cherche à remonter la pente, est un personnage plutôt attachant ; quelques passages concernant Jonas sont assez émouvants – quand ses nouveaux amis prennent leurs distances avec lui, par exemple – mais son côté menteur compulsif et ses agissements dérangeants, bien que partant d’une bonne intention, instaurent un climat de malaise. J’ai trouvé a contrario que le personnage de la mère était moins réussi.
La tension monte tout au long du roman, et je m’attendais à un final explosif ou a minima très sombre, ce qui n’est pas le cas, mais Dan Chaon tire son épingle du jeu de façon plutôt maligne…
Quelques bémols, et un ouvrage peut-être pas aussi riche et marquant que les suivants, mais tout de même un très bon premier roman !
Publié en 2006 chez Albin Michel, traduit par Hélène Fournier, 400 pages.