C’est via une lecture commune que j’ai découvert « Le temps qu’il fait à Middenshot », roman de l’auteur guyanais Edgar Mittelholzer, écrit en 1952 et réédité aux éditions du Typhon.
Dans la petite ville de Middenshot vivent de bien curieuses personnes, notamment la famille Jarrow : le père, depuis un grave accident, pense que son épouse est décédée, et ne s’adresse à celle qui cohabite pourtant toujours avec lui que pendant des séances de spiritisme. Leur fille Grace, âgée d’une trentaine d’années, est partagée entre sa résignation à devenir vieille fille, et l’espoir que leur voisin Monsieur Holme, ancien policier, l’épouse et lui offre un autre destin. La femme de ménage de celui-ci, Hyacinthe, une très jolie fille, aimerait cependant bien user de ses charmes sur lui pour se mettre à l’abri du besoin…C’est alors qu’un fou furieux, le Grand Exterminateur, se met à semer la terreur dans cette ville proche d’un asile d’aliénés, à la grande joie de Monsieur Jarrow. Deux policiers, North et Southerby, font leur apparition pour enquêter sur cette affaire…
En voilà une lecture étrange ! Le livre est découpé en trois parties, et il m’a fallu un certain temps avant d’accrocher à ce récit, car je trouvais que l’intrigue avait du mal à décoller. Disons-le clairement, « Le temps qu’il fait à Middenshot » n’est pas le genre de roman qui fait l’unanimité, mais j’ai néanmoins pris plaisir à le lire, même s’il faut une certaine distance pour bien appréhender ce que nous livre Edgar Mittelholzer.
C’est un ouvrage que j’ai plus apprécié pour son ambiance lourde et gothique que pour l’histoire en tant que telle, même s’il y a quelques trouvailles bienvenues, notamment le fait que le père Jarrow ne voie plus son épouse depuis son accident. Il y a quelque chose de très théâtral dans ce livre, c’est vraiment le genre d’histoire que j’imagine jouée sur scène, pour son côté outré et décalé.
On sent qu’Edgar Mittelholzer est une personne tourmentée, et que la Seconde Guerre Mondiale et ses horreurs l’ont profondément perturbé. (N’oublions pas que ce livre a été écrit en 1952). Les délires de Jarrow, qui se complet dans les faits divers sanglants et la morbidité y font écho, tout comme les raisonnements très particuliers de North et Southerby sur le Bien et le Mal. J’ai eu l’impression de lire une pièce de théâtre écrite par une Agatha Christie traumatisée par la Shoah.
Malgré quelques bémols, « Le temps qu’il fait à Middenshot » est une curiosité que je suis contente d’avoir eu l’occasion de découvrir, et que je vous encourage à tenter !
Publié aux éditions du Typhon en Avril 2021, traduit par Jacques et Jean Tournier, 336 pages.
je ne connaissais pas
je ne suis pas fan d’horreur ni de gothique mais j’ai bien aimé ta comparaison avec Agatha
un objet assez rare que ce livre …
oui, ça sort de l’ordinaire !
Une vraie étrangeté dis-donc ! En tout cas ce n’est clairement pas pour moi.
ah je t’aurais bien vu le lire !
Ça me tente bien ! Je vais voir avec ma librairie s’ils l’ont.
bonne lecture !