Je n’imaginais pas lire un livre sur Mike Brant, mais j’aime beaucoup les Editions de l’Antilope et je suis toujours très attentivement leurs publications, raison pour laquelle j’ai lu « Si maintenant j’oublie mon île » de Serge Airoldi.
Mais moi qui m’attendais à une biographie du chanteur israélien à la mort tragique, j’ai été très surprise par ce livre. Certes, le fil conducteur est la vie de Mike Brant, mais Serge Airoldi, le narrateur qui s’adresse au chanteur à la deuxième personne du singulier, en utilisant son vrai prénom (Moshe) nous entraîne dans ce à quoi ces événements lui font penser, on rebondit ainsi d’une réflexion à l’autre, comme si on suivait un esprit qui vagabonde.
Un poème en yiddish, les Memorbücher de Metz, « L’Histoire de mon Pigeonnier » d’Isaac Babel, l’île de Chypre (où est né Mike Brant dans un camp pour personnes déplacées, d’un couple de survivants de la Shoah), la Palestine, les chevaux de Dali, ne sont qu’une poignée de sujets parmi tous ceux abordés dans ce livre. jusqu’à ce que l’auteur finisse par se rendre dans la rue où Mike Brant est décédé après s’être défenestré.
Il y a donc beaucoup de digressions dans ce livre (les fans de Jaenada apprécieront), et le côté foisonnant et parfois volatile de ce court texte peut, je pense, déstabiliser le lecteur, voire même le perdre un peu, mais j’ai aimé ce que l’auteur proposait, et j’ai apprécié sa plume et son érudition, et le portrait qu’il trace en filigrane d’un être solaire né d’une tragédie.
A découvrir.
Publié en Août 2021 chez l’Antilope, 160 pages.
Je serais curieuse de voir ce que ce livre dit du passé familial et du total désespoir de ce magnifique jeune homme, qui, vu à la lumière des projecteurs, semblait (!) avoir toutes les chances : voix, beauté, succès … Mais est-ce le sujet du roman ?
les éléments donnés sur sa vie sont assez parcellaires, mais il a effectivement un passé familial lourd, avec deux parents survivants de la Shoah…