J’ai enfin lu « L’Accident de Chasse » de David L. Carlson et Landis Blair, roman graphique imposant (près de 500 pages) publié chez Sonatine… et pourquoi ai-je attendu si longtemps? j’ai eu un gros coup de cœur pour cet ouvrage qui a reçu le Fauve d’Or de la 48ème édition du Festival d’Angoulême !
En 1959, Charlie Rizzo, onze ans, dont les parents sont divorcés depuis qu’il est tout petit, perd sa mère et part vivre chez son père, à Chicago. Celui-ci, Matt, est aveugle – s’il vend des assurances pour gagner sa vie, il dédie tout son temps libre à l’écriture. Quand Charlie demande à son père comment il a perdu la vie, Matt évoque un accident de chasse à l’adolescence. Mais quelques années plus tard, alors que Charlie, impliqué dans un cambriolage, est arrêté par la police, il découvre que son père lui a menti sur les circonstances qui ont entraîné sa cécité.
Quelle claque que ce roman graphique! L’histoire, inspirée de faits réels puisque Charlie Rizzo est un ami du scénariste David L. Carlson, est extrêmement forte, et parfaitement mise en valeur par les illustrations tourmentées de Landis Blair, des dessins en noir et blanc, hachurés, qui nous font pénétrer dans l’imaginaire d’un jeune homme aveugle et désespéré, doublement enfermé, dans sa cécité et dans une cellule. Le co-détenu de Matt, Nathan Leopold, avait défrayé la chronique avec ce qui était considéré à l’époque comme « le crime du siècle », commis avec son ami Richard Loeb : les deux étudiants prodiges avaient enlevé et tué un adolescent sans aucun autre motif que de commettre le crime parfait. Nathan Leopold va aider Matt à apprendre le braille et l’introduire à la « Divine Comédie » de Dante, et notamment aux neuf cercles de l’Enfer.
C’est un ouvrage très riche qui nous parle de relation père-fils (celle des Rizzo, mais aussi celle de Nathan Leopold et son père), de transmission, de rédemption, du pouvoir de l’imaginaire et de la littérature.
Une parfaite collaboration entre un auteur et un illustrateur, une très belle réussite!
Publié en Août 2020 chez Sonatine, traduit par Julie Sibony, 472 pages.