Le « Jacob » du roman de Simon Berger est un jeune yéniche né en 1924 dans les faubourgs de Clermont-Ferrand, où sa famille vit dans une roulotte, mais de manière sédentarisée.
La vie de Jacob aurait pu être tout à fait banale, du moins autant que peut l’être celle d’un Bohémien qui grandit dans l’Auvergne de l’entre-deux-guerres, s’il ne s’était pas distingué par son incroyable beauté. Lorsqu’il fait sa communion, à la cathédrale de Clermont, devant les familles de notables de la ville, il est repéré par Joseph Desarméniens, un homme aussi riche que cultivé, qui propose à la famille de Jacob de s’occuper de l’éducation du garçon, moyennant un dédommagement de 100 francs par mois pour compenser l’argent que le garçon ne pourra plus gagner par son travail…
Ce court roman est d’une facture assez classique, avec un style très travaillé, pour raconter une ascension sociale, dont l’originalité tient au milieu de naissance du transfuge, les Yéniches étant très peu présents en littérature.
Le portrait de ce garçon dont la beauté pourrait lui ouvrir les portes de l’instruction et même de la richesse, mais qui se retrouve en décalage à la fois avec sa famille et avec un nouveau milieu plein de préjugés voire d’hypocrisie, est particulièrement réussi.
Si je n’ai pas autant accroché à ce livre que je l’aurais souhaité, car la narration à la deuxième personne du singulier a tendance à me tenir à distance du texte, je dois admettre que c’est un roman qui m’a marquée car je l’ai lu il y a un certain temps maintenant et je me souviens très bien de la lumière de certains passages, du malaise qui règne dans le huis clos de l’hôtel particulier, de la tension dramatique de la fin.
A découvrir !
Publié en Mars 2021 chez Gallimard, 128 pages.