J’avais beaucoup aimé « Le dit du Mistral » d’Olivier Mak-Bouchard, et j’étais donc vraiment curieuse de découvrir son nouveau roman. Et je n’ai pas été déçue, car l’auteur a su se renouveler et proposer avec « Le Temps des Grêlons » un livre radicalement différent du précédent.
Le narrateur, qui est collégien au début du récit, mène une vie plutôt tranquille auprès de sa mère qui l’élève seul depuis la mort de son père, et de ses amis Jean-Jean et Gwendo. Arrive cependant un événement inattendu : « le nuage » est saturé et ne permet plus le stockage des portraits. On ne peut donc plus prendre les humains en photo, ni les filmer : les films disparaissent, les photos sont remplacées par des dessins. La situation est à peu près gérable…jusqu’à ce que le Nuage se mette à relâcher « les Grêlons », c’est-à-dire les personnes portraitisées au début de la photographie et du cinéma, de manière chronologique : des gens, voire des groupes de gens, pris en photo au XIXe siècle, puis au début du XXe siècle tombent donc régulièrement du ciel… la société s’adapte, et accueille ces personnes tétanisées, des anonymes mais aussi des célébrités comme Arthur Rimbaud, de manière plutôt bienveillante… mais au fur et à mesure, les Grêlons deviennent de plus en plus nombreux, et la situation se tend …
« Le Temps des Grêlons » a été une excellente surprise ! J’ai vraiment beaucoup aimé ce roman dystopique, plein d’inventivité : quelle idée incroyable de faire disparaître les portraits dans notre société où l’image est omni-présente, entre médias et réseaux sociaux … et le cloud saturé qui recrache des données est également une idée brillante, très bien exploitée par l’auteur.
Et très vite, on ne peut s’empêcher de voir dans certains éléments de ce roman, un écho à l’histoire contemporaine, voire même à l’actualité. Et la candeur apportée par le personnage principal, jeune homme attachant dont la vie banale va se heurter aux rebondissements de l’Histoire et à la crispation de la société, laisse place à une ambiance qui fait froid dans le dos.
Un excellent livre, original, créatif, et surprenant !
Publié en Mars 2022 au Tripode, 340 pages.
ça semble carrément original ! Mais j’ai déjà Le dit du Mistral dans ma PAL, alors, on se calme ! 😉
mais non, enchaîne les deux !
oh étrange .. mais ça me fait penser à ce roman japonais (The Memory Police) car les photos disparaissent également …
oui, je l’ai lu également, mais les histoires sont très différentes !