« Les Femmes du North End » est le premier roman de Katherena Vermette, autrice canadienne autochtone, qui avait publié avant cela des recueils de poésie et des livres jeunesse.
Ce roman choral commence par une agression en pleine nuit dont est témoin Stella, une mère de famille d’origine autochtone, du haut de sa fenêtre. Le récit va ensuite donner la parole à plusieurs adolescentes ou femmes autochtones qui vivent à North End, une zone urbaine de Winnipeg, et qui ont toutes un lien entre elles, qu’il soit familial ou amical, ainsi qu’à Tommy, un jeune policier métis qui enquête sur l’agression.
De cette narration, les hommes sont quasiment absents – ils sont morts, loin, ou au second plan, et sont souvent une menace. Et même lorsqu’ils sont gentils, les réminiscences de la violence d’autres hommes font que l’on s’en méfie toujours un peu…
J’ai eu un peu de mal à entrer dans l’histoire, car les personnages sont très nombreux, et il m’a fallu un peu de temps, malgré l’arbre généalogique présent dans le livre, pour bien comprendre qui était chacun d’eux et quel lien ils entretenaient. Mais au bout de quelques pages, j’ai été happée par ce récit puissant. A travers l’histoire de Stella, Paulina, Cheryl ou Lou se dévoile celles d’autres femmes qui ne sont plus là pour prendre la parole, des femmes meurtries par des générations de violence – femmes retrouvées mortes dans la neige, femmes violées, femmes battues, femmes victimes de racisme de la part de leurs maris blancs, femmes tombées dans la folie, la drogue ou la déchéance… jusqu’aux répercussions sur la génération d’après, des enfants non désirés, élevés par des grands-parents, placés dans des foyers, ou membres de gangs, qui reproduisent la folie et la violence dans lesquelles ils ont grandi.
Le contexte de ce roman est très sombre, et pourtant il est plein de lumière et d’espoir car dans la famille qui nous est présentée, la lignée matriarcale est soudée : les mères sont là pour leurs filles, les sœurs se soutiennent, les amies sont solidaires, et l’on peut espérer que la nouvelle génération – filles comme garçons – bénéficiera de cette cohésion pour affronter les épisodes violents et trouver sa place dans la société.
Un très beau premier roman, qui m’a emportée, et une autrice à suivre !
Publié chez Albin Michel (Terres d’Amérique) en Mars 2022, traduit par Hélène Fournier, 448 pages.
Repéré et maintenant, noté… en ayant à l’esprit qu’il faudra s’accrocher au début.
oui ou vérifier régulièrement l’arbre généalogique 😀
Très bien je note
j’espère qu’il te plaira !
Moi, j’ai accroché tout de suite, en allant souvent jeté un oeil sur l’arbre généalogique ! Je l’ai trouvé très addictif, d’ailleurs j’ai eu du mal à le poser…
oui, je suis d’accord pour le côté addictif !