« Juive et Républicaine », c’est le crédo de l’école Maïmonide, premier lycée juif français, fondé en 1935 à Paris.

Si les établissements privés religieux sont depuis devenus légion, c’est une vraie nouveauté à l’époque, issue du constat que les Juifs français s’éloignent de leur identité religieuse. Alors que les écoles juives qui existaient alors étaient des écoles primaires ayant pour but d’aider à l’intégration d’enfants d’origine étrangère étant arrivés récemment en France, ce lycée a comme population cible des adolescents de la bourgeoisie, en leur offrant une instruction d’une qualité équivalente à celle d’un lycée public, mais accompagnée d’une solide éducation religieuse.

L’objectif n’est pas un repli communautaire – au contraire, pour éviter l’aspect « vase clos », des cours sont communs avec ceux de lycées publics voisins – mais de concilier attachement à la république et pratique religieuse pour une poignée de personnes destinées à devenir des sortes de « cadres de la communauté ». La pédagogie y est d’ailleurs moderne, notamment grâce à de jeunes professeurs ayant tout juste fini leurs études, et la pratique du sport est encouragée, dans le courant d’un « judaïsme musculaire » issu du sionisme.

Joseph Voignac, lui-même ancien élève, nous raconte l’histoire de cette école « pionnière » de 1935 à nos jours. Une école qui finalement est le reflet de l’histoire de la communauté juive française sur près de cent ans : retour des adolescents cachés ou déportés, arrivée des Juifs d’Afrique du Nord, rapprochement avec Israël après la guerre des Six Jours, peur des attentats et de l’antisémitisme…les élèves de Maïmonide, leur rapport à la religion, les raisons de leur inscription à l’école ont évolué au fil du temps.

« Juive et Républicaine » est un livre très accessible, grâce à ses différents chapitres thématiques (j’aurais d’ailleurs bien aimé que la mixité à l’école soit évoquée), et qui fait réfléchir à l’équilibre entre identité religieuse et attachement à la république, entre appartenance à une communauté et intégration. Une excellente lecture !

Publié en Mai 2022 chez l’Antilope, 256 pages.

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