J’ai découvert « Lëd » de Caryl Ferey à l’occasion d’un VLEEL avec l’auteur et son éditeur Aurélien Masson (dont vous pouvez voir le replay sur Youtube ici). Depuis mon coup de cœur pour « De bonnes raisons de mourir » de Morgan Audic, qui se déroule à Tchernobyl, j’avais vraiment envie de relire un polar situé en ex-URSS, et j’ai été servie avec « Lëd » qui a pour décor une ville assez extraordinaire, Norilsk, en Sibérie, dans laquelle l’auteur a séjourné, et qui est d’ailleurs l’objet d’un de ses précédents livres – que je n’ai pas encore lu – au titre éponyme.
Si l’intrigue de ce polar tient la route (un policier local, Boris Ivanov, enquête sur le meurtre d’un Nénets, autochtone de Sibérie, dont le cadavre planqué dans les combles d’un immeuble a été retrouvé à la suite de l’effondrement du toit de celui-ci), on sent qu’elle est prétexte à nous raconter l’histoire de cette ville et à mettre en avant toute une galerie de personnages très réussis.
Norilsk est en effet une sorte de ville-usine sibérienne, fondée par Staline dans les années 30, adjacente au goulag de Norillag, dans lequel des centaines de milliers de prisonniers vont se tuer à la tâche – extraire le nickel et autres minerais de la région et bâtir la ville. A la suite de l’insurrection du camp et de la mort de Staline en 1953, le goulag est fermé, mais la plupart des prisonniers, n’ayant pas les moyens de partir « sur le continent » vont rester sur place, rejoints par des travailleurs volontaires attirés par les primes et avantages mis en place pour faire venir du monde dans cette région reculée, aux conditions de vie extrêmes.
Aujourd’hui, avec l’effondrement de l’URSS, Norilsk est essentiellement peuplée de mineurs mal payés, n’ayant pas d’autres perspectives, et qui vivent en vase clos dans cette ville ultra polluée, où les immeubles se dégradent, où les températures descendent jusqu’à -60°C, où il fait nuit continue une partie de l’année, et où les entrées et les sorties sont encore contrôlées par le FSB (le KGB actuel).
Le contexte de « Lëd », très travaillé, est terrible, mais aussi passionnant et fascinant, et l’on sent l’attachement de l’auteur pour ses personnages, très incarnés, qui gravitent autour de l’intrigue – Gleb, Nikita et Sacha les mineurs artistes et fêtards, Dasha la costumière qui veut faire la lumière sur son histoire familiale, ou encore Boris et Anya, couple mal assorti et pourtant si amoureux…
Un livre que j’ai dévoré, une excellente lecture !
Publié en Janvier 2021 aux Arènes (Equinox), en poche chez Pocket, 523 pages.
Il va falloir que je me lance dans cet auteur….cela semble toujours tres recherche….
J’avais lu de cet auteur « Plutôt crever » pour lequel j’étais un peu mitigée à sa lecture.
Il faudrait que je retente d’autres livres de cet auteur.
Bonne journée !
j’en avais lu d’autres il y a un certain temps, mais je n’avais pas accroché autant qu’à celui-ci.
ça a l’air top !
yes, recommandé chaudement 🙂
Bonjour Eva, j’ai terminé ce roman il y a 2 jours. Je l’ai en effet trouvé très bien. L’arrière-plan est très intéressant mais ce n’est pas très optimiste. Bonne journée.
effectivement, un roman très sombre ! Bonne journée Dasola !