S’il y a de plus en plus de livres qui s’attachent à raconter la guerre d’Algérie, je n’avais jamais rien lu avant « Attaquer la terre et le soleil » sur la colonisation en tant que telle de ce pays.
Dans ce roman, Mathieu Belezi, auteur que je ne connaissais pas du tout, et qui vient d’obtenir le Prix Littéraire Le Monde, en raconte les débuts à travers les points de vue de deux Français : un soldat et Séraphine, une jeune femme venue s’installer en famille en Algérie.
Cette lecture a été un paradoxe, entre l’écriture belle et poétique de l’auteur, et la brutalité de ce qui y est raconté : choléra, meurtres, viols, tortures, sous un soleil de plomb ou des pluies diluviennes.
Le soldat, dont on ne sait rien, pas même son nom, sauf son obéissance aveugle à un chef à la violence sordide, y perdra son âme – un épisode illustré par une trouvaille stylistique – tandis que Séraphine y perdra…tout.
Une violence inouïe se dégage de ce texte, celle qui frappe les petites gens – population algérienne massacrée, colons miséreux à qui l’on a fait miroiter un avenir radieux et qui crèveront dans des conditions effroyables.
Un texte beau et fort (âmes sensibles s’abstenir), une grande réussite de cette rentrée littéraire.
Publié en Septembre 2022 au Tripode, 160 pages.
Merci pour cette découverte. J’avais trouvé à la médiathèque un des ses romans sur le même sujet : Un faux pas dans la vie d’Emma Picard qui relate l’installation en 1860 des premiers colons attirés par des perspectives de prospérité. Une femme y arrive avec ses quatre enfants et découvre qu’en fait on lui a vendu une terre de cailloux infertile. La suite est sombre, la dégringolade de la famille tragique. Très intéressant
une partie de ce roman fait écho à ce que tu racontes, justement !