« Tenir sa langue » est le premier roman, d’inspiration autobiographique, de Polina Panassenko.
L’histoire commence avec un passage de Polina au tribunal de Bobigny. En effet, la jeune femme, qui a émigré enfant de Russie avec ses parents et sa sœur, a perdu son prénom de naissance lorsqu’elle a été naturalisée : elle est devenue Pauline sur les papiers, alors qu’elle est Polina dans sa vie quotidienne, un prénom qu’elle veut retrouver officiellement.
La bataille administrative est l’occasion pour Polina de retracer une vie qui s’est dessinée entre deux pays, deux langues, une Polina à l’intérieur et une Pauline à l’extérieur.
« Tenir sa langue », c’est garder la langue russe pour la maison, et perdre son accent pour adopter « celui de Jean-Pierre Pernaut », c’est aussi la culture du silence, du secret. Ne pas dire que l’on vit en France, à Saint-Etienne, lorsque l’on passe les vacances chez les grands-parents en Russie. Se dissimuler, génération après génération, derrière un prénom d’emprunt pour cacher ses véritables origines – une lignée de peur que l’autrice souhaite briser.
J’ai adoré la façon dont Polina Panassenko retrace ses souvenirs d’enfance, c’est parfois douloureux, souvent vif et drôle. L’arrivée à Saint-Etienne, les bribes de langue française qu’elle essaie d’associer, les premiers jours à la maternelle – ces passages sont brillants et franchement réussis.
Si j’ai trouvé qu’il y avait quelques longueurs lors des retours en Russie, l’ensemble du roman est très bien mené et construit, avec une langue inventive et de nombreuses phrases qui font mouche. Une très bonne surprise !
Publié en Août 2022 chez l’Olivier, 192 pages.
si je le croise à la BM – pourquoi pas ?
je pense qu’il te plairait !