Les lectures communes ont toujours du bon, mais parfois plus que d’habitude. J’avais commencé « Les Monstres » de Charles Roux il y a plusieurs mois, et fini par l’abandonner après une centaine de pages car je trouvais, malgré une très belle écriture et une atmosphère ouatée particulièrement réussie, que le récit ne décollait pas. « C’est beau mais c’est chiant », m’étais-je dit en reposant le livre.
Et puis, à la faveur d’une lecture commune, j’ai repris le livre du début… et la sauce a pris !
Dans une ville à l’ambiance inquiétante, où sévit un monstre inconnu, trois solitudes vont se rencontrer lors d’un repas: Alice, enseignante célibataire qui façonne des golems de glaise; David, cadre sup cocaïné à la chemise ouverte sur un torse velu (y aurait-il un peu de l’auteur dans ce personnage?) à la recherche d’aventures, et Dominique, qui tient un restaurant dans lequel est organisé un mystérieux dîner-spectacle.
La quatrième de couverture dessert à mes yeux le livre car elle évoque un dîner, une sorcière … des éléments que l’on ne rencontre que vers la 250e page de l’ouvrage, ce qui avait entraîné chez moi une frustration et une impatience lors de ma première lecture.
Et c’est dommage car « Les Monstres » est extrêmement bien écrit, avec une ambiance particulièrement travaillée. Il est d’ailleurs rare de nos jours qu’un livre prenne son temps pour développer les personnages.
C’est très beau, intrigant, avec un côté très cinématographique, et une profondeur et une noirceur insoupçonnées, même s’il y a quelques longueurs (heureusement que les chapitres courts donnent du rythme), et que je m’attendais à une fin un peu plus explosive, vu la tension qui monte tout au long du récit.
Un beau premier roman, sombre et original, et une expérience à tenter … en étant prévenu que c’est un roman d’ambiance, de réflexion, d’introspection, à l’écriture ciselée, et qu’il faut trouver le bon moment pour ce livre particulier.
Publié en Janvier 2021 chez Rivages, 608 pages.