Je n’étais pas sûre que « La mère à côté » soit pour moi … j’ai d’ailleurs eu du mal à le commencer. Pas évident de lire le texte de Thael Boost, que je connais bien, a fortiori lorsqu’il s’agit d’un récit autobiographique qui évoque un sujet lourd – une mère prise dans les griffes d’Alzheimer, « dans une version Schrödinger de la vie, là et pas là tout à la fois »
Et pourtant, comment résister, malgré le thème grave et les détails parfois crus, à la joie de vivre, à l’humour, à l’amour qui se dégagent de ce livre ?
Rosy Boost ressemble étrangement à son nom joyeux, énergique et bondissant :c’est une femme excentrique, qui n’a pas la langue dans sa poche, et qui, malgré la maladie (cancers des os, des seins, Alzheimer) a une pulsion de vie incroyable.
Le récit est entrecoupé de souvenirs de Thael, comme pour rappeler que Rosy a été pleinement femme et mère, à un moment où, âgée et malade, son statut de femme est nié, et où Thael veille sur elle non plus comme une fille mais comme une mère. (« Sans le savoir, en devenant mère, en apprenant les gestes, en apprenant l’attention, en apprenant l’amour, j’ai aussi après à devenir la mère de ma mère »)
C’est un beau livre, tendre et émouvant, qui peut se lire en famille, et qui semble, dans mon entourage tout du moins, se prêter de fille en mère …
Publié en Mai 2022 chez Anne Carrière, 208 pages.