Je ne connaissais Dorothy Parker que de nom et c’est pour un épisode de Bibliomaniacs que je l’ai découverte via son recueil de nouvelles « Mauvaise journée demain ».
Le recueil commence très fort avec une histoire que j’ai trouvée excellente, « Quel joli petit tableau » sur un homme qui ne rêve que de quitter sa famille. Une nouvelle très évocatrice, très fine aussi sur le plan psychologique – la rumeur dit que c’est la préférée de Xavier Dupont de Ligonnès…
Malheureusement la dizaine de nouvelles qui suivent sont un peu « le ventre mou » de ce recueil. Si une poignée d’entre elles sont vraiment intéressantes, (par exemple « Le Dîner de Corbeau » qui évoque une femme quittée par son époux, et qui sonne très juste), les autres ont l’air de sortir du même moule avec des discussions mondaines entre deux personnes (amies, couple, personnes fréquentant la même soirée…) qui font exactement ce qu’elles critiquent, ou agissent à l’opposé de ce qu’elles préconisent …
Prises séparément, ces nouvelles sont plutôt cyniques et bien tournées, mais quand on en enchaîne tout une série, on finit par être lassé…
Mais heureusement, la dernière nouvelle, « Le Jeu », est l’acmé de ce recueil : si le contexte est toujours mondain, avec des couples d’amis qui décident de jouer à un jeu lors d’un dîner, l’ambiance est lourde, prenante, j’ai été captivée et prise à la gorge du début jusqu’à la dernière page.
Cela montre que Dorothy Parker a un très grand talent et est capable de créer des atmosphères hors du commun – malheureusement le choix éditorial de réunir dans un même recueil des nouvelles similaires donne un sentiment de redite… dommage pour cet ouvrage, mais j’ai bien envie de retrouver l’autrice américaine dans d’autres textes !
Disponible en poche chez Christian Bourgois, traduit par Hélène Fillières, 192 pages.