Après « Attaquer la terre et le soleil » qui avait été une lecture très forte, voici « Le Petit Roi », roman de Mathieu Belezi publié en 1998 que Le Tripode réédite cette année.
Mathieu, le narrateur, a douze ans. Il est recueilli par son grand-père maternel, paysan vivant dans une ferme de Provence. Où sont ses parents, que leur est-il arrivé, pourquoi n’est-il pas avec eux ? Le passé du garçon est nébuleux – tout comme les passages qui évoquent son père et sa mère – même si l’on devine qu’il est rempli de cris, de larmes et de drames.
La relation avec le grand-père est belle, tendre, apaisée, lumineuse, comme toutes les scènes où Mathieu et son aïeul sont réunis. Mais les traumatismes du garçon s’expriment par des actes de cruauté, envers les animaux, envers également un camarade de classe.
Ce court roman est extrêmement bien écrit. L’écriture est superbe, je souligne habituellement rarement des phrases mais l’auteur a un style assez incroyable. Il est étonnant qu’un roman oscille autant entre lumière (la relation avec le grand-père est très émouvante) et obscurité – Mathieu est un enfant attachant, et on devine au détour de certaines phrases (même si l’auteur cultive les passages où chaque lecteur pourra avoir une interprétation différente) qu’il a été témoin ou victime d’actes qui ont brouillé ses notions du Bien et du Mal, mais certaines de ses actions sont inexcusables, et il y a des scènes suffocantes.
On passe par toutes les émotions en lisant ce livre d’une centaine de pages. J’ai partagé ce moment avec mon amie Céline « Point à la Ligne », « Le Petit Roi » est d’ailleurs un livre parfait pour une lecture commune car les interprétations et les appréciations peuvent vraiment varier d’un lecteur à l’autre.
Un très beau livre.
Publié en Mars 2023 au Tripode, 120 pages.