« Last exit to Marseille » est en quelque sorte le pendant des « Enfants Rouges », publié il y a plus de vingt ans par Guillaume Chérel.
Jérôme Beauregard, « détective public », a quitté l’Ile-de-France pour Marseille, plus chaleureuse et moins coûteuse que la capitale … Mais la ville a aussi sa face sombre, et Jérôme va en faire la cruelle expérience lorsque son vieil ami Luc meurt d’une overdose durant une soirée qu’ils passent ensemble. Découvrant que celui-ci avait pris de l’héroïne frelatée livrée via un « Uber-Shit », il décide d’enquêter sur le trafic de drogue qui gangrène la ville.
Dans ce roman noir, le narrateur dialogue avec le célèbre écrivain marseillais aujourd’hui décédé, Jean-Claude Izzo, à qui il raconte cette quête, mais aussi sa vie et ses désillusions. Celle d’un homme encore optimiste et énergique mais qui est confronté à l’âge et à la précarité et voit sa ville d’adoption sombrer : si la misère semble plus belle au soleil, les immeubles se fissurent et s’écroulent, les sdf sont partout, les migrants s’entassent dans des taudis, la drogue s’infiltre dans tous les quartiers et les trafiquants s’adaptent aux nouvelles technologies.
Si Jerôme Beauregard a grandi dans une banlieue du 93, et en a vu d’autres, on le sent assez effaré par ces nouveaux codes qui lui échappent et par la montée exponentielle de la violence. L’enquête est prétexte à nous raconter Marseille, le grand personnage de ce roman, entre amour et effroi envers cette ville en perpétuelle mutation.
J’ai senti beaucoup de sincérité dans ce livre inventif, aux accents autobiographiques, et cela fait du bien de lire un roman écrit avec les tripes. Une bien belle surprise.
Publié en Mars 2023 chez David Gaussen, 272 pages.