Je n’avais jamais entendu parler de « Ivy », roman de Susie Yang, que j’ai découvert dans le cadre du Prix des Lecteurs du Livre de Poche.
Ivy est la fille d’un couple chinois qui émigre aux Etats-Unis dans la région de Boston. Aux côtés de sa grand-mère, qui vit avec eux, elle apprend à mentir et à voler pour améliorer le quotidien. Dès son plus jeune âge, elle est gênée par la pauvreté et l’anglais rudimentaire de ses parents, a fortiori lors qu’elle fréquente un collège huppé. Quelques années plus tard, jeune diplômée, elle recroise un garçon pour qui elle avait le béguin à l’école…
J’ai été intriguée par la personnalité d’Ivy. Le début du roman est haletant, la jeune fille est rusée, menteuse, débrouillarde, et l’autrice l’oriente vers une version féminine et sino-américaine du Ripley de Patricia Highsmith. J’ai cependant regretté que Susie Yang n’aille pas assez loin, à mes yeux, dans le portrait qu’elle dresse d’Ivy. J’aurais souhaité qu’elle exploite encore plus son côté manipulateur, finalement mis de côté durant les années lycée et université d’Ivy. Même les retrouvailles avec Gidéon, le meilleur parti possible lorsque, comme Ivy, on veut s’élever dans la bonne société, se font de manière fortuite, alors qu’il aurait été intéressant d’injecter un peu de stratégie et de machiavélisme dans le récit.
Dommage donc qu’une certaine tiédeur vienne affadir ce portrait de femme, et que l’histoire soit assez inégale (avec des rebondissements que je n’ai pas toujours trouvés pertinents), car ce premier roman est néanmoins très prometteur. Susie Yang fait preuve d’une ironie plutôt bienvenue, et les personnages secondaires sont travaillés et intéressants, que ce soit Roux, ami d’enfance d’Ivy, les membres de la famille de la jeune femme, et ceux de Gidéon Spencer.
Même si je ressors mitigée de cette lecture, « Ivy » a aiguisé ma curiosité, et je lirai sans nulle doute la prochaine publication de cette primo-romancière.
Publié en Avril 2021 chez Calmann-Levy, traduit par Jessica Shapiro, 500 pages.