« La Noyée de Berlin » est le 1er tome de la série « Fräulein Gold » d’Anne Stern, mettant en scène Hulda Gold, sage-femme dans le Berlin des années 20.
La jeune femme est à son compte et travaille surtout dans les quartiers pauvres de Berlin. L’une de ses patientes lui dit que sa voisine Rita a été retrouvée dans un canal. Si la police pense que cette prostituee s’est suicidée, cette dame est sûre qu’elle a été tuée: Rita, malgré un passé douloureux et un alcoolisme qui l’avait fait renvoyer de son travail d’infirmière, était une femme forte, proche de sa voisine enceinte. Hulda, touchée par cette histoire, enquête pour savoir qui aurait bien pu noyer la victime, et pourquoi. Sa route va croiser celle de l’inspecteur Karl North, qui s’intéresse à l’affaire pour d’autres raisons…
J’ai lu quasiment d’une traite ce roman qui m’a beaucoup plu! Si l’intrigue tient la route (même si certains aspects auraient pu être mieux ficelés), c’est surtout le contexte historique et les personnages qui sont les points forts de ce livre.
En pleine République de Weimar, Berlin se remet difficilement de la guerre : beaucoup d’inflation, de pauvreté, d’enfants des rues, d’anciens soldats traumatisés… et le nazisme fait son apparition. Quant à Hulda, c’est un personnage extrêmement attachant. C’est une femme indépendante, marquée par une histoire familiale compliquée (sa mère s’est suicidée, son père ne s’est jamais occupé d’elle), qui est très investie dans son travail, à une époque où il est encore compliqué pour les femmes d’étudier et d’occuper des emplois qualifiés. Les personnages secondaires ne sont pas en reste, qu’il s’agisse de Félix, son ancien fiancé, de sa logeuse, ou encore de Bert, propriétaire du kiosque à journaux qui tient un rôle d’oncle bienveillant…
Une excellente surprise, qui plaira sans nulle doute aux adeptes de la série « Babylon Berlin » qui se déroule à la même époque : je vous parlerai bientôt de la suite, et six tomes sont déjà sortis en Allemagne, pour mon plus grand plaisir !
Publié en Octobre 2022 chez Moissons Noires, traduit par Brice Germain, en poche chez Pocket, 400 pages.