Cracovie, 1893. Zofia Turbotynska, épouse d’un professeur d’université, est animée par la volonté de gravir les échelons de la bonne société de la ville, et souhaite nouer des contacts opportuns et être invitée à des soirées de premier plan. Impliquée dans les bonnes œuvres locales, elle se rend régulièrement à la Maison Helcel, une résidence pour personnes âgées. Un événement insolite vient troubler sa vie un brin monotone : une pensionnaire, Madame Mohr, disparaît durant la nuit. Zofia, amatrice de romans policiers, se passionne pour cette affaire …
Ce n’est pas pour l’intrigue qu’il faut lire ce livre : à plusieurs moments, j’ai eu l’impression que j’avais sauté des passages, car des personnages apparaissent sans crier gare, la résolution tombe un peu comme un cheveu sur la soupe après une enquête qui prend pourtant son temps, et toutes les portes ouvertes ne sont pas totalement refermées. Bref, tout ce qui m’agace habituellement dans un roman policier.
Et pourtant, j’ai savouré cette lecture. Les auteurs (ce sont en effet deux hommes derrière ce pseudo), ont extrêmement bien travaillé le contexte et les personnages. On plonge avec délice dans le Cracovie de la fin du XIXe siècle, très peaufiné, et le texte est écrit avec beaucoup d’humour, et des petites phrases ironiques qui font mouche (j’ai notamment souvenir d’un dîner mondain organisé par l’héroïne pour soutirer des informations, où les commentaires m’ont fait beaucoup rire). Le personnage principal vaut clairement le détour : Zofia est tout aussi insupportable (avec son petit côté arriviste et sa manie de renvoyer ses bonnes) qu’elle est attachante.
Vraiment, j’ai pris beaucoup de plaisir à lire ce roman et je vais rempiler très prochainement avec la suite « Le Rideau Déchiré » (je suis même allée vérifier s’il y avait d’autres tomes et oui, il y a un 3e et 4e tomes déjà sortis en Pologne !)
Publié en Août 2022 chez Agullo, traduit par Marie Furman-Bouvard, 369 pages.