« Anatomie d’un mariage » devrait plutôt s’appeler « Anatomie d’une séparation ». Car on le comprend vite, le couple d’Edmund et Laura est au point mort.

Nous sommes en 1973 dans le Montana: Edmund vient d’être nommé directeur d’un hôpital psychiatrique, tandis que Laura est artiste peintre. Passionné par ce nouveau travail, il délaisse son épouse, qui ronge son frein tout en se demandant si c’est bien le moment d’agrandir la famille. Laura se tourmente également au sujet de Pénélope, une patiente de 16 ans, très jolie, à laquelle son mari s’est beaucoup attaché, jusqu’à l’ambiguïté : épileptique, elle a été internée de force par ses parents, alors qu’elle est particulièrement intelligente et cultivée.

Même si Virginia Reeves écrit très bien, cette première partie n’est pas vraiment originale, et ne montre pas non plus Edmund et Laura sous leur meilleur jour, entre négligence, jalousie, et désir d’aller voir ailleurs. Mais c’est curieusement lorsque la séparation est actée que le lien entre Edmund et Laura prend toute son ampleur et que chacun se révèle. C’est là que le livre tire son épingle du jeu en montrant toute la complexité d’une relation, toute la richesse des sentiments. Et c’est à ce moment-là que ces deux personnages deviennent vraiment attachants, et que l’empathie nait aussi pour les personnages secondaires – le meilleur ami d’Edmund, et surtout le nouveau mari de Laura dont on se demande comment il arrive à trouver sa place dans cette équation compliquée .

Il y a quelque chose de très beau, de très triste aussi, dans ce livre de Virginia Reeves que je verrais bien adapté en série ou en film. Et si j’étais perplexe en commençant ce roman, qui me semblait peu engageant, voire agaçant, je l’ai fini conquise : une vraie bonne surprise!

Publié en Juin 2021 chez Stock, traduit par, disponible au Livre de Poche, 330 pages.

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