Après avoir tellement aimé « Tout ce qu’on ne s’est jamais dit » et « La Saison des Feux », quel plaisir de retrouver la plume de Celeste NG avec son nouveau roman « Nos Cœurs Disparus »!
Dans un futur proche, les Etats-Unis ont instauré le « PACT » après une crise économique (la Crise) qui a déstabilisé le pays. Ce « Preserving American Culture and Traditions Act » est la pierre de voûte d’un régime autoritaire et nationaliste, qui poursuit toute personne soupçonnée d’avoir des sentiments anti-américains. Les Personnes d’Origine Asiatique (POA) sont particulièrement visées, la Chine étant accusée d’être à l’origine de la Crise.
Bird est un adolescent métis qui vit petitement avec son père, linguiste devenu manutentionnaire à la bibliothèque de l’université, depuis que sa mère Margaret Miu a disparu. Son père semble l’avoir rayée de leur vie routinière, mais une de ses camarades de classe, Sadie, révèle à Bird que sa mère est une grande poétesse qui s’est opposée au régime en place. Sadie lui dit aussi qu’elle a été arrachée à ses parents activistes, pour être placée dans une famille d’accueil …
Céleste NG ne décrit pas en détails le PACT ou le régime en place – on ne sait pas qui gouverne, on ne sait pas réellement comment se déroule la vie aux USA, dans ce futur proche très similaire à notre époque, avec des éléments qui font forcément écho.
Bird mène une vie relativement banale, protégé par son père, qui rase les murs et ne veut surtout pas créer de remous. C’est l’influence de Sadie mais aussi un élément venu du passé, qui vont le faire rentrer de plein fouet dans la réalité.
« Nos cœurs disparus » est extrêmement fluide, j’ai tout de suite été plongée dans l’univers livresque créé par Céleste NG et j’ai complètement adhéré à sa proposition . J’ai trouvé très beau ce pouvoir que l’autrice donne aux mots et aux livres, que ce soit à travers les poèmes ou via la résistance qui s’organise dans les bibliothèques. La proximité entre Bird et Sadie est très touchante, tout comme l’amour des parents de Bird envers leur fils, qui prend une forme différente entre le père et la mère, mais qui est très fort de chaque côté.
C’est un livre que je n’avais pas envie de finir, une réussite !
Publié en Août 2023 chez Sonatine, traduit par Julie Sibony, 384 pages.
J’ai moi aussi beaucoup aimé les précédents. Je me réjouis de lire que celui-ci est tout aussi réussi.
oui, une excellente lecture !
une excellente autrice !