Après avoir adoré « Iam Iam Iam » et « Hamnet », je ne pouvais que me précipiter sur le dernier livre de Maggie o’Farrell, « Le Portrait de Mariage », un roman historique qui nous emmène à la Renaissance.
Lucrèce de Médicis grandit au XVIe siècle dans le palais florentin de ses parents, couple uni qui a de nombreux enfants. Dès son plus jeune âge, l’enfant a un caractère et des centres d’intérêt particuliers – elle est notamment très douée pour la peinture – sans susciter l’intérêt de ses parents. Mais lorsque sa sœur aînée meurt, Lucrèce est mariée au fiancé de celle-ci, Alfonso. Elle ne l’a croisé que brièvement mais cette union est stratégique pour les deux familles. Âgée de quinze ans, elle part donc vivre à Ferrare. Mais très vite, elle s’aperçoit que son mari, qui peut être drôle, charmant, attentionné, a plusieurs visages …
Dès le début du livre, un an après le mariage, on sait que Lucrèce, en déplacement avec son mari, se sent menacée. Le récit alterne entre ce moment et les années qui ont mené à cet événement. Difficile de ne pas s’attacher à l’héroïne, cette adolescente un peu décalée, talentueuse, qui n’est que le pion d’un schéma politique auquel elle doit consacrer sa vie, son corps – la stratégie de ses parents, qui veulent sceller des alliances puissantes, et celle de son mari, qui a besoin au plus vite d’un héritier. Bien que son palais natal soit très peuplé, elle grandit dans une bulle de solitude, peu regardée, peu remarquée, peu considérée sauf par sa nourrice Sofia. C’est sa servante Émilia, qui comme elle, est vive, lucide, débrouillarde, qui devient à Ferrare son amie, sa confidente, et sans doute la seule personne saine et de confiance dans la chape de plomb dans laquelle elle évolue, auprès de ce mari calculateur, imprévisible et cruel. Heureusement que la peinture, qui est au cœur de ce roman puisque Lucrèce est artiste, mais est aussi modèle du fameux portrait de mariage du titre, est un échappatoire à cette atmosphère lourde.
Un très beau portrait de femme (au sens propre comme figuré) pour qui on tremble et on espère, et une réflexion (rageante) sur la condition féminine et l’absence de libre-arbitre.
Publié en Août 2023 chez Belfond, traduit par Sarah Tardy, 416 pages.
J’attends un peu pour le lire, en effet on retrouve dans ce roman plusieurs personnages du livre Perspective(s) de Laurent Binet, mais comme j’aime beaucoup Maggie O’Farrel que je « suis » régulièrement, à coup sûr je me le procurerai.