J’avais lu il y a quelques années « Par les rafales » de Valentine Imhof. Le prix Polar+ a été l’occasion de retrouver l’autrice puisque « Le blues des phalènes » fait partie de la sélection.
J’ai été tout de suite happée par ce que propose l’autrice. Elle nous met en présence de quatre personnages, Milton, Pekka, Anthony et le jeune Nathan. Tous ont un lien, parfois ténu, et tous sont hantés par la mort. Tous font aussi partie de cette Amérique de la marge – celle des vétérans, des mineurs, des prostituées, des freaks, des travailleurs pauvres. Tous enfin, ont un rapport avec la grande explosion qui a eu lieu à Halifax, au Canada, en 1917.
L’écriture est superbe, avec beaucoup de profondeur, et surtout de réalisme, j’avais vraiment l’impression de lire un roman américain et j’ai plongé dans les scènes décrites par l’autrice.
Pourtant il n’est pas facile de s’y retrouver : on passe d’un personnage à l’autre, d’une époque à l’autre (entre la Grande Guerre et le milieu des années 30), sans logique temporelle ou narrative… et la déstructuration m’a laissé un petit goût d’inachevé (ou plutôt la sensation d’avoir besoin de relire le roman pour bien remettre toutes les pièces du puzzle en place) même si la construction est intéressante et le style, vraiment réussi.
J’ai cependant beaucoup aimé ce livre sombre, riche, puissant, qui m’a emmenée à la rencontre de faits historiques que je ne connaissais pas (la fameuse explosion susnommée, l’exposition universelle de Chicago et son homme de verre, la grève des dockers de San Francisco …)
Une excellente surprise.
Publié en 2022 aux éditions du Rouergue, disponible en poche chez 10/18, 480 pages.