Je suis toujours admirative de celles et ceux qui avaient déjà le recul nécessaire pour écrire sur le nazisme ou la Shoah alors que la Seconde Guerre Mondiale avait à peine, voire même pas commencé. Kathrine Kressmann Taylor en fait partie. En 1938, elle publie « Inconnu à cette adresse ». C’est un très court roman épistolaire, la correspondance entre deux hommes, entre 1932 et 1934.
Tous deux sont amis, allemands et galeristes: ils possèdent à San Francisco la galerie Schulse-Eisenstein.
Mais alors que Max Eisenstein reste aux Etats-Unis, Martin Schulse repart avec sa famille vivre à Munich. La correspondance commence de manière enjouée puis, alors que le nazisme prend de l’ampleur dans la société allemande, Max, qui est juif, commence à s’inquiéter, notamment pour sa sœur Griselle, qui est actrice à Berlin …
Ce classique est une pépite du genre. En l’espace d’une dizaine de lettres, Kressmann Taylor parvient parfaitement à dépeindre un changement de climat, dans la politique comme dans l’amitié qui lie les deux hommes. L’autrice est d’une efficacité et d’un machiavélisme redoutables … jusqu’à la chute, parfaite, et digne d’un roman noir.
Je ne vais pas écrire un post plus long que le livre, mais c’est un ouvrage ciselé qui plaira tout autant à un lectorat adolescent qu’à un lectorat adulte!
Disponible chez Flammarion dans une traduction de Michèle Levy-Bram, 128 pages.
J’avais adoré étant ado ce roman court mais fort. Cette chute ! Comme tu dis 🙂 Il existe aussi une adaptation au théâtre, si ça te dit ? J’avais été agréablement surprise. C’était là aussi fort en émotion.
j’aimerais effectivement beaucoup voir la pièce de théâtre !