« Tout le monde n’a pas la chance d’aimer la carpe farcie » commence avec un petit frigo qui sent le chou, un équipement ménager que la narratrice récupère chez son grand-père décédé.
La nourriture ashkénaze, dont la carpe farcie est le symbole souvent moqué, n’est pas la plus instagrammable, ni la plus joyeuse. Ce n’est pas pour elle que l’on fait la queue rue des Rosiers, ce n’est pas un couscous convivial … ses couleurs sont ternes, les plats ne ressemblent pas à grand chose mais elle est nourrissante et tient au corps.
Et surtout, elle rassemble les quelques membres d’une famille disloquée, elle fait le lien avec des pays lointains, elle raconte l’exil, les origines, les drames, les silences aussi, chez des gens où l’on parle peu.
A travers le gefilte fisch, le tcholent et autres latkes, Élise Goldberg nous raconte des histoires de familles sombres et complexes. Comme le yiddish, comme certains noms de famille, la cuisine ashkénaze est un ciment culturel en voie de disparition qui perdure grâce à des personnes âgées et un courant nostalgique. Il n’y a quasiment plus de restaurants ashkénazes à Paris : Goldenberg a explosé, Train de vie a fermé.
A travers la cuisine traditionnelle, c’est une histoire de famille, de mémoire, de tradition et de transmission que nous conte Élise Goldberg. C’est à la fois drôle, triste et savoureux… à l’image de cette cuisine!
Publié en Août 2023 chez Verdier, 160 pages.
ah je l’ai déjà vu ailleurs ce livre, mais du coup ce n’est pas un roman, plutôt un essai ?
Il est bien classé en « premier roman », même si les éléments racontés proviennent de son histoire familiale.