Dans « Somnambule », ce nouveau livre de Dan Chaon, un de mes auteurs préférés, Will, ou du moins, l’un de ses nombreux pseudos, est une sorte d’homme de main de 50 ans qui sillonne les routes des États-Unis au volant de son camping-car, avec son chien. Son travail consiste à faire des livraisons pour le compte d’une mystérieuse organisation.
Un jour, ses neuf portables sonnent : au bout du fil, une jeune femme, une certaine Cammie qui dit être sa fille. Et effectivement, Will, quand il était jeune, a régulièrement vendu son sperme à des banques spécialisées …
Le début du livre m’a vraiment accrochée – je me suis attachée à cet homme solitaire, au passé nébuleux- sa mère n’a jamais déclaré sa naissance et vivait sur les routes avec lui, s’adonnant elle aussi à des activités louches … et la relation virtuelle qui se noue avec cette jeune femme au bout du fil est assez émouvante : Will soupçonne que c’est un piège, voire même une IA, mais en même temps il a envie d’y croire et entretient vite des sentiments paternels pour cette fille qui semble avoir beaucoup d’ennuis.
Pourtant, j’ai vite rencontré des écueils dans ma lecture. Même s’il se passe régulièrement des choses, le récit entretient un sentiment de répétition, de longueur… et surtout, le livre se révèle être un roman d’anticipation, ce qui n’est pas pour me déplaire, mais l’intrigue devient vite tarabiscotée et, à mes yeux, inutilement complexe, et s’éparpille entre le passé de Will, sa progéniture, et des histoires de sectes, de délires de milliardaires, d’eugénisme … jusqu’à une fin que j’ai trouvée beaucoup trop mièvre.
C’est dommage, car il y avait beaucoup de bonnes idées dans ce livre – la relation de Will avec sa mère, celle avec son amie de toujours, l’organisation clandestine qui l’emploie, cette atmosphère de paranoïa, de faux-semblants, où Will finit par questionner tout ce qu’il sait et tout ce qu’il a vécu … mais j’ai eu l’impression que l’auteur voulait mettre trop de choses dans ce roman, sans trouver le bon équilibre.
Une lecture en demi-teinte !
Publié en Février 2024 chez Terres d’Amérique (Albin Michel) dans une traduction d’Hélène Fournier, 384 pages.