Après « Je sais pourquoi chante l’oiseau en cage » et « Rassemblez-vous en mon nom », voici le troisième tome de l’autobiographie de Maya Angelou, au titre aussi énergique que jouissif, « Chanter, swinguer, faire la bringue comme à Noël ».
Quel plaisir de retrouver l’autrice afro-américaine, avec sa plume vive et fluide ! Au début de ce tome, elle vit à San Francisco, où elle se rend régulièrement dans un magasin de disques, car la musique est sa grande passion. La gérante la repère et lui propose un poste de vendeuse, une offre que Maya ne peut refuser car le salaire et les horaires lui permettent de reprendre avec elle son fils qu’elle avait dû placer en nourrice. C’est la première fois que la jeune femme se retrouve directement confrontée à des Blancs, groupe pour lequel elle éprouve beaucoup de défiance et de colère et qu’elle évite habituellement soigneusement. L’affaire ne s’arrête pas là puisqu’elle rencontre bientôt un habitué du magasin, un marin d’origine grecque nommé Tosh Angelos…
J’ai vraiment beaucoup aimé ce tome qui nous montre l’éclosion de l’artiste Maya Angelou. C’est là qu’elle se choisit un nom de scène, inspiré du nom de famille de son ex-mari, et qu’elle va connaître succès et reconnaissance en tant que chanteuse et danseuse, allant jusqu’à participer à une grande tournée mondiale. La jeune mère célibataire qui se battait au quotidien pour trouver sa place et assurer un avenir à son fils se transforme devant nos yeux en une star qui va fouler les plus belles scènes du monde – avec d’autres problèmes à gérer, car il est difficile de mener de front une vie professionnelle internationale et une vie de mère de famille…
La musique est bien sûr un fil conducteur de ce livre, mais il y a également, pour la première fois depuis le début de cette série autobiographique, le sujet racial qui est abordé de manière frontale. Maya vivait jusque là dans un monde quasiment exclusivement noir : dans sa vie personnelle comme professionnelle, elle est désormais confrontée à de plus en plus de Blancs, que ce soit aux Etats-Unis ou en Europe, avec un véritable questionnement sur le rapport à la couleur de peau et sur les interactions Noirs/Blancs.
Maya Angelou est une véritable aventurière, elle est talentueuse, elle est surprenante, elle ose, elle se réinvente, en faisant fi des attentes de la société envers les femmes, envers les noirs, dans toute la fougue de sa jeunesse, tout en devant composer avec ses responsabilités de mère. Il y a une sacrée énergie dans ce livre, car l’autrice est pétillante – ce qui n’exclut pas des réflexions profondes sur le racisme, ou sur la foi.
Vivement le prochain tome!
Publié en Mai 2024 chez Notabilia, traduit par Sika Fakambi, 448 pages.