Ayant adoré « L’Eau Rouge », mais pas du tout accroché à « La Femme du Deuxième Étage», je me demandais ce que valait le nouvel opus de Jurica Pavičić, « Mater Dolorosa ».
L’histoire se déroule à Split en 2022. Le corps d’une lycéenne, Viktorija, est découvert dans une usine désaffectée… l’affaire nous est racontée du point de vue d’Ines, réceptionniste dans un hôtel de luxe, de celui de sa mère, Katja, mais aussi de celui du policier chargé de l’enquête, Zvone.
Ce livre peut être un brin déroutant. L’ambiance est plutôt froide, le style assez direct et parfois même un peu plat, et surtout, il ne faut pas s’attendre à un polar et au suspense qui va avec. Ici nous sommes en présence d’un roman noir, à forte connotation psychologique. Toute l’histoire est ainsi basée sur les cas de conscience et les réactions des protagonistes face à un événement inattendu qui vient bouleverser leurs vies.
Le personnage d’Inès est particulièrement réussi. C’est une jeune femme de vingt-six ans qui se retrouve à la croisée des chemins : en l’espace de quelques semaines, tous les aspects de sa vie sont chahutés – famille, amour, travail… même la configuration de son immeuble change. Zvone, le policier, est également très intéressant, tout comme la relation avec son père, un homme abîmé. D’ailleurs l’Histoire n’est jamais très loin, entre évocation des blessures de la guerre de Yougoslavie et réminiscence de l’époque communiste.
J’ai préféré « L’Eau Rouge », avec qui ce livre a pourtant des liens évidents, en terme d’ambiance et de réflexion sur les relations familiales. Si j’ai aimé « Mater Dolorosa », il m’a quand même manqué un petit quelque chose pour pleinement l’apprécier … un rythme un peu trop lent qui nuit à la tension narrative, un manque d’incarnation pour le personnage de la mère…
Publié chez Agullo en Septembre 2024, traduit par Olivier Lannuzel, 395 pages.