J’aimais déjà lire des romans se déroulant au Japon, mais depuis que j’y suis allée, j’ai un intérêt accru pour la littérature japonaise et les livres dont l’intrigue prend place dans le pays du Soleil Levant. Emilie Desvaux est une autrice française, mais comme son titre l’indique « Le Ciel de Tokyo » se déroule dans la capitale du Japon, en 2004.
Angle intéressant, les personnages du roman ne sont pas japonais, mais des étrangers qui ont atterri dans une résidence qui leur est réservée, une Gaijin House. Bien loin de l’image d’ordre et de propreté que l’on peut avoir du Japon, c’est une maison vétuste, sale, où l’on peut louer une chambre pour quelques semaines…ou quelques années… lorsque l’on est un étranger qui vivote grâce à de petits boulots.
Cette Gaijin House, c’est un peu la cité des enfants perdus : ceux qui s’y retrouvent sont au Japon pour des motifs un peu flous, et surtout pour échapper à une vie qui ne leur convenait pas. Il y a beaucoup de passage dans cette maison, mais l’intrigue se concentre sur trois personnages : Camille, une jeune Française qui a fui un mariage dans lequel elle s’était engagée de manière trop précoce ; Christophe, dit Lénine, belge, qui vend ses charmes à des Japonaises plus âgées ; Flavio, un Brésilien amoureux de la langue et de la culture japonaises, qui vit dans la maison depuis plusieurs années.
Il n’y a pas une intrigue forte, le style est très beau, poétique, littéraire, et le récit, plutôt intimiste, et contemplatif – avec parfois quelques longueurs, même si cela n’a pas gâché mon plaisir de lecture. C’est une tranche de vie, quelques mois passés en compagnie de jeunes gens qui se cherchent, un récit initiatique où être au Japon est déjà un projet en soi.
C’est beau, c’est lent…un peu triste aussi, car il n’y a pas de miracle – le Japon, le travail, l’amour, l’amitié ne peuvent pas résoudre toutes les failles, tous les mal-être. Une jolie découverte.
Publié en Janvier 2025 chez Rivages, 240 pages.