Il me restait un livre de Mechtild Borrmann à lire : « Enfances Perdues ».

Il y a deux temporalités dans ce roman : en 1970, Henni Schöning est l’accusée d’un procès qui s’ouvre à Aix-la-Chapelle. Quelles sont les charges qui pèsent contre elle ?

Le récit nous renvoie en 1947 alors qu’Henni est adolescente. Depuis qu’il est revenu de la guerre, son père est incapable de travailler et s’est réfugié dans la religion. C’est sa femme qui travaille dur pour nourrir leurs quatre enfants … jusqu’au jour où elle décède brutalement. Henni, l’aînée, prend le relais pour s’occuper de sa sœur et ses deux frères mais son petit salaire ne suffit pas. Afin que la fratrie ne soit pas dispersée, elle se lance dans la contrebande : en effet, son village est proche de la frontière avec la Belgique, d’où elle ramène clandestinement du café. Jusqu’au jour où les douaniers interviennent et qu’un drame survient …

L’autrice retrouve une période qui lui tient à cœur, celle de l’immédiat après-guerre côté allemand. Henni est une jeune fille courageuse et attachante, qui fait son possible pour sa famille, malgré un père qui non seulement est démissionnaire mais n’a aussi aucune affection pour ses enfants.

Ceux-ci vont être broyés par le système, entre maison de redressement pour jeunes filles, et orphelinat tenu par des religieuses autoritaires et maltraitantes.

« Enfances Perdues » n’est pas vraiment un polar, plutôt un roman noir qui nous raconte l’histoire d’une famille victime du système. Cependant, il y a quand même du suspense, puisque des personnes sont mortes, sans que l’on sache exactement si ce sont des meurtres, et si oui, qui les a commis.

Dans un style assez différent des autres livres de l’autrice allemande, c’est néanmoins une réussite et un grand plaisir de lecture. J’espère vraiment qu’un nouveau livre de Mechtild Borrmann sortira bientôt !

Publié en Février 2020 au Masque, traduit par Céline Maurice, 288 pages. En poche au Livre de Poche.

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