Grâce à une rencontre Sonatine dans le cadre de Quais du Polar j’ai enfin découvert Gabino Iglesias avec son roman le plus récent, « Le Diable sur mon Epaule ».
Le monde de Mario, jeune père de famille menant une vie plutôt tranquille au Texas, s’écroule lorsque sa femme Melisa et lui apprennent que leur petite fille est atteinte d’un cancer. Afin de payer les factures d’hôpital qui s’accumulent, il contacte un de ses anciens collègues, Brian, junkie et dealer, impliqué dans des affaires louches. Celui lui propose de tuer un homme, contre six mille dollars. Mario accepte et découvre qu’il a un goût pour la violence, exutoire aux malheurs qui le frappent. Lorsque sa vie tourne au cauchemar, il accepte de suivre Brian sur une mission de grande ampleur pour le compte d’un cartel mexicain, qui va le mener de l’autre côté de la frontière …
A partir d’une trame qui pourrait sembler classique, Gabino Iglesias nous propose un roman qualifié de « Barrio Noir » que j’ai adoré. La Mort ou plutôt La Muerte, La Huesuda ou encore La Flaca est partout dans ce livre. Il y règne une ambiance très sombre, parfois fantasmagorique – Mario a des visions, et les croyances dans ce qu’elles ont de plus ténébreuses rendent les personnages capables du pire pour un peu de protection miraculeuse. Sorcières, esprits, martyrs peuplent le récit, et âmes sensibles s’abstenir, certaines scènes sont vraiment gore.
Mario est américain, mais le quotidien le rappelle sans cesse à ses origines latinos, qu’il le veuille ou non, entre préjugés et racisme pur. Il y a tout un angle racial et social dans ce livre qui montre que même lorsque, comme Mario, l’on est né aux Etats-Unis et que l’on a fait des études supérieures, quand on est ni blanc ni riche, le système ne fait pas de cadeau, surtout quand le sort s’acharne.
Une excellente lecture, marquante et originale, et la découverte d’un auteur que je ne manquerai pas de retrouver avec ses deux précédents romans, Santa Muerte et Les Lamentations du Coyote!
Publié en Février 2024 aux éditions Sonatine, traduit par Pierre Szczeciner, 336 pages.
J’ai parfois un peu de réticences au fantasmagorique en polar, par contre l’angle social me convient mieux. Je jetterai un oeil attentif sur cet auteur en médiathèque, pour me faire une idée.