Après « Héritage » et « Le Rêve du Jaguar », j’avais dans ma bibliothèque un autre roman de Miguel Bonnefoy, « Sucre Noir », acheté et dédicacé dans le cadre d’une rencontre avec l’auteur.
Un navire s’échoue dans les Caraïbes…la légende dit que le butin du capitaine Henry Martin, un véritable trésor, a été caché dans les environs. Trois cents ans plus tard, un village a été construit non loin du lieu du naufrage et malgré le temps, la rumeur de l’existence du trésor continue à se transmettre. La jeune Serena Otero y mène une vie d’ennui auprès de ses parents vieillissants. Un jour, un homme venu de l’autre bout du pays frappe à leur porte : Severo Bracamonte est un chercheur d’or, alléché par la légende du trésor d’Henry Martin, et il leur demande l’hospitalité le temps de faire ses fouilles. Au fil des mois, Severo et Serena tombent amoureux…
Comme dans mes lectures précédentes, Miguel Bonnefoy arrive, en peu de pages, à faire vivre un univers très riche, avec moult personnages, péripéties, trouvailles (les petites annonces radiophoniques, la pièce fermée dans la maison…) … Au couple Severo & Serena s’ajoute leur fille adoptive, bébé abandonné dans un champ en flammes, qui en gardera une brûlure au visage et un prénom évocateur, Eva Fuego.
Le village est loin de la capitale, et il y a quelque chose d’intemporel dans les descriptions, dans l’histoire également, qui s’apparente parfois à un conte. Chaque personnage est animé par une quête : Severo cherche le trésor, Serena cherche l’amour et l’animation, Eva Fuego veut être riche et puissante. Mais l’histoire est sombre, car soit ils n’atteindront pas leur objectif, soit ils l’atteindront mais le paieront cher. « Vanitas Vanitatis » pourrait être le sous-titre de ce roman : les amours s’éteignent ; l’ennui revient; on ne voit pas ce qui est sous nos propres yeux ; quelles que soient les réussites, tout redevient poussière. Car il y a des cycles, des boucles dans ce roman: on meurt comme on est né, on devient celle à qui l’on voulait échapper.
Une belle lecture, triste et foisonnante.
Publié en 2017 chez Rivages, disponible en poche, 192 pages.