L’incolore Tsukuru Tazaki et ses années de pélerinage – Haruki Murakami

Je n’avais jamais encore lu de romans de Murakami, qui m’évoquaient des univers un peu loufoques et fantastiques qui ne me disaient guère. Je lis de plus très peu de romans asiatiques, me cantonnant dans mes zones de confort française et anglo-saxonne. J’ai quand même franchi le pas avec son nouveau livre « L’incolore Tsukuru Tazaki et ses années de pélerinage », et je ne l’ai pas regretté, car j’ai adoré cette lecture.

Lorsqu’il était au lycée, Tsukuru faisait partie d’un groupe de cinq amis extrêmement proches, avec deux garçons et deux filles dont les prénoms rappelaient des couleurs : Blanche, Noire pour les filles, Bleu et Rouge pour les garçons. Il se considérait quant à lui comme l’Incolore. Contrairement aux quatre autres, Tsukuru avait fait le choix de quitter leur ville natale pour aller à l’université mais les liens entre les cinq compagnons se sont maintenus, jusqu’au jour où ses amis l’ont tous brutalement rejeté, du jour au lendemain, sans qu’il ne comprenne pourquoi.  Tsukuru ne retrouvera jamais vraiment d’amis, et mènera une vie plutôt solitaire jusqu’à sa rencontre avec Sara, quinze ans plus tard, dont il tombe amoureux. Celle-ci pense qu’il ne pourra pas être vraiment lui-même et s’attacher réellement à elle s’il ne découvre pas pourquoi ses amis lui ont tourné le dos. Elle l’incite donc à les retrouver pour obtenir des explications.
Rien de loufoque ou de fantastique dans ce roman, dont je ne sais pas s’il est représentatif du style habituel de Murakami. Au contraire, c’est un très beau roman sur la solitude et la dépression, sans aucun misérabilisme mais avec beaucoup de sensibilité. Il y a une atmosphère de tristesse dans ce livre, mais une tristesse pudique, celle que peut éprouver un homme qui a goûté l’osmose amicale totale, en est brutalement privé, et vivra toute sa vie avec cette sensation de manque et d’inachevé, doublée d’un sentiment d’abandon, puisqu’il ne sait pas pourquoi il a été exclu du groupe. Mais c’est aussi un roman sur la force de l’amour : grâce à ses sentiments pour Sara, et à l’écoute et l’intérêt qu’elle lui porte, Tsukuru sort de sa bulle routinière pour se confronter à son passé. Le récit devient alors enquête, puisque Tsukuru retrouve un à un ses anciens amis, et découvre ce qu’ils sont devenus, confrontant ce qu’ils sont aujourd’hui avec leurs personnalités d’antan.
C’est un roman passionnant, qui réussit l’équilibre entre suspense et introspection, dépression et espoir, flash-backs et temps présent. C’est très bien écrit,  et c’est un magnifique portrait d’un homme qui revient à la vie.
J’en fais donc une Pépite de l’année 2014-2015 dans le cadre du non-challenge organisé par Galéa!
40e contribution au Challenge 1% Rentrée Littéraire 2014 organisé par Hérisson.

Publié aux Editions Belfond le 4 septembre 2014, traduit par Hélène Morita, 384 pages.

14 commentaires sur “L’incolore Tsukuru Tazaki et ses années de pélerinage – Haruki Murakami

  1. Je suis assez fan de Murakami, et oui de ce que tu en dis, ça ressemble quand même à son style. J'espère ne pas être déçue comme Clara 😉 Mais j'aime beaucoup l'idée de départ, et j'ai hâte de le lire. Je te remercie de l'avoir intégrer à mon non-challenge.
    Merci beaucoup

  2. Bonsoir Éva,

    Je viens de le terminer après en avoir entendu que du bien dans une ancienne émission spéciale Japon des Bibliomaniacs ! J’avais déjà lu la trilogie 1Q84 que j’avais beaucoup aimé et aussi deux nouvelles de lui, ce n’est donc pas ma première lecture de Murakami ! Comme toi j’ai adoré ce roman ! Je l’ai dévoré ! Le sujet abordé est grave mais l’auteur n’en fait pas trop. Et il y a juste ce qu’il faut de mystère, ce qui fait qu’on adhère ou non à Murakami !
    Merci pour ta chronique 🙂

Répondre à Sarah Annuler la réponse.

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *