Police – Hugo Boris

Encore un livre que je n’aurais pas lu sans l’enthousiasme de la blogosphère à son sujet…Le résumé ne me parlait pas plus que cela, je ne connaissais pas l’écrivain, la couverture avait de jolies couleurs mais sans pour autant me fasciner, seule la rime entre le titre « Police » et le nom de l’auteur « Hugo Boris » me plaisait vraiment. Pourtant il aurait été dommage de passer à côté de ce roman.

Trois policiers de la même cellule se retrouvent une nuit impliqués dans une mission qui ne fait normalement pas partie de leur périmètre d’action. A la suite d’un incendie dans un centre pour étrangers en situation irrégulière, ils viennent en renfort des brigades chargées d’escorter les personnes expulsées jusqu’à l’avion qui les ramènera dans leur pays d’origine, et sont chargés d’emmener un Tadjik à Roissy. Mais la mission, qui aurait dû être une formalité, dérape quand une militante prend à parti Virginie…Il faut dire que cette nuit est très particulière pour la policière, en plein marasme. Elle partage un lourd secret avec son collègue Aristide, tandis que leur chef, Erik, réputé pour être un policier à cheval sur le règlement, commence à avoir des doutes sur son métier…

hugo-boris
Hugo Boris

Le récit couvre à peine quelques heures et l’intrigue de ce court livre est menée tambour battant, ce qui m’a fait lire le roman quasiment d’une traite. On est toute de suite plongés dans cette nuit très particulière pour Erik, Aristide et Virginie, tant au niveau professionnel qu’au niveau personnel. Il y a déjà un mélange compliqué entre vie intime et vie professionnelle pour Virginie, qui est sur le fil du rasoir. La mission est tout sauf routinière, donc les réflexes, les habitudes, le respect naturel pour le règlement ne sont pas naturels. Des propos véhéments tenus par une militante des droits de l’Homme, qui révèle à Virginie l’identité de la personne expulsée, et son histoire, perturbent la jeune femme, qui ne réagit plus en tant que policière face à un étranger en situation irrégulière mais en tant qu’humain face à un autre humain., réduisant comme une peau de chagrin la distance nécessaire pour mener à bien la mission.

Hugo Boris utilise une langue familière et imagée qui nous rend les personnages plus proches et plus humains. Une plongée dans un monde assez rude, sous pression, où la camaraderie doit se conjuguer avec la hiérarchie, où l’on est sans cesse confronté à la violence et au manichéisme – coupables et victimes. Et justement, la mission manque cruellement de manichéisme : de quoi est coupable l’homme menotté dans la voiture de police à part d’avoir voulu échapper à son pays d’origine? Les certitudes de Virginie vacillent, et son attitude contamine Erik et Aristide : doivent-ils rester dans leur rôle de policiers, appliquer la loi et mener à bien la mission qu’on leur a confiée, ou faire ce qui leur semble juste?

Avec un ton vif et percutant, non dénué d’humour, Hugo Boris dessine dans « Police » trois portraits attachants, plus fins et fouillés que ce que les premières descriptions m’auraient laissé penser. Le rythme est trépidant, et le suspense pousse à tourner les pages à toute allure. Un roman efficace, à l’ambiance de huis-clos, qui nous met face à de graves dilemmes moraux et ne laisse pas indifférent.

Une lecture commune avec la pétillante Enna.

Publié en Août 2016 chez Grasset, 198 pages.

18e lecture de la Rentrée Littéraire 2016: 3% atteints!

challenge

22 commentaires sur “Police – Hugo Boris

  1. ah oui je le vois partout sur la blogosphère ! je vais sans doute le lire mais plus tard quand il sera dispo à la BM et que j’aurais un peu plus attaqué mon programme de lecture ! mais sachant que toi aussi tu y succombes, je suis encore plus intriguée 😉

  2. Je vois que tout comme moi tu as apprécié ce roman. Rien que la thématique traitée me semblait intéressante et lorsque je l’ai eu fini je n’ai eu aucun regret. Hugo Boris en peu de pages a su créer un roman palpitant et empli d’humanité.
    Jolie chronique en tout cas 🙂

    1. j’ai la chance de travailler tout près d’un réseau de médiathèques « en zone sensible » donc avec gros budget, et un stock de livres récents impressionnant !

  3. Hugo Boris est un auteur qui mérite qu’on s’y arrête et Police est vraiment un bon roman. Je suis contente de voir que grâce à la blogosphère il fait son chemin. Je vais bientôt le chroniquer.

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *