Station Eleven – Emily St John Mandel

Je ne suis habituellement pas adepte des romans d’anticipation ou post-apocalyptiques mais j’ai eu un gros coup de cœur pour « Station Eleven », de la Canadienne Emily St John Mandel. Voilà un livre dans lequel j’ai instantanément plongé et que j’ai dévoré! (et oui, c’est mon 5e coup de coeur de cette Rentrée Littéraire!)

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Emily St John Mandel

L’histoire commence lors d’une représentation théâtrale à Toronto. Alors qu’il est en train de jouer le Roi Lear, le grand acteur Arthur Leander décède brutalement d’une crise cardiaque. Quelques heures plus tard, une épidémie de grippe se déclare, et les morts se succèdent…En l’espace de quelques jours, 99% de la population mondiale est décimée. Vingt ans plus tard, les gens vivent sans électricité, sans Internet, sans voiture, sans téléphone…De petites communautés se sont formées et vivent de façon solidaire, des enfants sont nés depuis la catastrophe et n’ont qu’une vague idée de comment était le monde « avant ». Une troupe  d’acteurs et de musiciens, « La Symphonie itinérante », parcourt le pays pour jouer du Shakespeare et du Beethoven. Parmi eux, une jeune femme, Kirsten, qui jouait dans « Le Roi Lear » avec Arthur Leander le soir de son décès – elle avait alors huit ans. Kirsten trimballe depuis la catastrophe dans son sac à dos deux comics, deux volumes d’une série appelée « Station Eleven », qu’elle connait par coeur… Alors que la troupe doit récupérer dans une petite ville un couple qui s’y était arrêté deux ans auparavant pour avoir un bébé, elle s’aperçoit qu’un prophète et ses fidèles ont pris le contrôle de la communauté

Je n’ai eu besoin que de quelques pages pour me sentir complètement immergée dans le récit de « Station Eleven ». Difficile de ne pas penser à la série « The Walking Dead », même s’il n’y a aucun zombie dans ce livre, et que l’histoire est beaucoup moins violente et beaucoup plus positive – le récit choral, les flashbacks, les petites communautés, les files de voitures abandonnées, les maisons désertées et fouillées….

« Station Eleven » alterne les époques, l’an 20 avec l’histoire de la Symphonie itinérante, mais aussi les années avant la catastrophe, en faisant d’Arthur Leander le personnage central de l’époque pré-pandémie. On découvre sa vie personnelle chaotique, avec trois ex-femmes et un fils de sept ans qui vit en Israel et avec qui il n’a plus vraiment de contact. Les différents éléments du récit vont s’imbriquer, la plupart des personnages que l’on retrouve en l’An 20 ayant un lien, de près ou de loin, avec Arthur Leander. 

Même si « Station Eleven » peut être considéré comme un roman de science-fiction, tout semble plausible : les causes de l’extermination de la population comme la vie menée en l’An 20. Les différents personnages sont riches et attachants, le roman est dense, avec des histoires finement entremêlées et du suspense. Emily St John Mandel maîtrise aussi bien l’atmosphère post-apocalyptique que celle de l’époque pré-pandémie et passe de l’une à l’autre avec fluidité.

Ne passez surtout pas à côté de ce roman parce que vous n’êtes pas fan de science-fiction et que le terme post-apocalyptique vous fait peur ! Il serait vraiment dommage de ne pas lire « Station Eleven » qui est autant passionnant que lumineux, extrêmement bien maîtrisé et habilement mené!

Publié en Août 2016 chez Rivages, traduit par Gérard de Chergé, 480 pages.

17e lecture de la Rentrée Littéraire 2016

challenge

36 commentaires sur “Station Eleven – Emily St John Mandel

  1. Je ne suis pas fan de science-fiction et le terme post-apocalyptique ne me fait pas peur mais me fait bailler aux corneilles. Pour autant à force de lire les avis enthousiastes de personnes en qui j’ai toute confiance, j’ai envie d’aller sans aucune retenue vers ce roman.

  2. Idem pour moi, il figure dans mon top 3 de la rentrée littéraire. Comme toi, les romans d’anticipation ne me font pas vibrer, mais ici, c’est tout simplement de la littérature dont on oublie le genre pour garder le propos et surtout le plaisir de lecture. Eu la chance de rencontrer l’auteure (voir compte rendu sur le blog) vraiment très intéressante.

  3. A force de le voir partout, il me tenterait presque mais voilà gros problème ces romans post-apocalyptique me font peur.. (petite nature toussa toussa) et là tu balances que ce n’était pas non plus ton style mais que c’est un coup de coeur?! Vais-je résister longtemps? ????

    1. le côté post apocalyptique est plus une toile de fond – le roman est plutôt basé sur les relations humaines, l’espoir…il pose vraiment la question de qu’est-ce que l’humanité.

    1. le contexte est effectivement une situation d’anticipation, mais le cœur même du récit en est finalement assez éloigné, notamment car une grande partie du récit se passe avant l’épidémie

  4. Ah ravie de voir que tu as aimé comme moi – alors que tu n’es pas non plus fan de ce genre ! comment passer à côté ? lumineux, nostalgique, profondément humain.. un petit bijou !!!

  5. Je suis clairement divisée, tu me tentes en le décrivant comme un roman choral et une écriture fluide, mais d’un autre côté tout ce qui est science-fiction beurk beurk!! Mais tu es si convaincante…! En plus je crois l’avoir vu à la bibli!

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