Les Huit Montagnes – Paolo Cognetti

J’avais Les Huit Montagnes de Paolo Cognetti dans ma PAL depuis plusieurs mois, et je ne sais pas pourquoi je n’ai pas lu ce livre plus tôt malgré les avis enthousiastes. Il ne m’attirait pas plus que cela et c’est son récent Prix Médicis Etranger qui m’a décidée à le lire. Et j’ai été très agréablement surprise, cette lecture a été un vrai plaisir, et même un coup de coeur.

L’histoire commence lorsque Pietro, le narrateur, est adolescent. Ses parents, passionnés par la montagne, décident de louer une bâtisse dans un hameau des Alpes, afin d’y passer les vacances et de s’oxygéner de Milan. Le père, surtout, un homme à la personnalité difficile, revit à la montagne, et notamment lors des ascensions, une activité à laquelle il initie son fils, et qu’ils partagent tous les deux. Pietro sympathise avec Bruno, un jeune montagnard de son âge. Les parents de Pietro, voyant que Bruno n’est plus scolarisé, prennent le garçon sous leur aile.

« Les Huit Montagnes » est un livre au style classique. Si le narrateur ne nous donnait pas quelques dates ou quelques détails contemporains, on aurait sans doute du mal à déterminer s’il a été écrit dans les années 70 ou récemment. Et l’ensemble du roman est cohérent avec ce style. Il est sans fioritures, simple et beau. Le livre nous raconte trente ans de vie, trente ans d’amitié entre Pietro et Bruno, mais aussi trente ans d’amour de la montagne.

Bruno est montagnard de naissance. Pietro a été élevé en ville, mais on ne sait finalement que très peu de choses de sa vie à Milan, que ce soit ses amis, ou son quotidien au lycée. Seules les périodes passées dans les Alpes semblent compter. C’est aussi là que la famille respire, trouve son équilibre, loin du stress du travail et de la pollution de la ville, et que Pietro crée des souvenirs heureux avec son père, avec qui les relations sont habituellement plutôt tendues. Mais la montagne est également un aimant puissant et dangereux, Bruno ne pourrait imaginer vivre ailleurs, même pour gagner sa vie, et Pietro a du mal à trouver sa voie et à s’établir.

Il y a une certaine lenteur dans ce roman, pourtant tout sauf ennuyeux et avec des personnages très actifs, qui toute la journée vont construire, marcher, grimper, cultiver, traire les vaches, faire du fromage… Mais on vit avec simplicité, avec du sens, dans une solitude choisie, en harmonie avec la nature. Un thème qui m’a parfois fait penser à « Wild » ou à « Sur les chemins noirs ».

Il y a des points communs entre la vie de Paolo Cognetti et « Les Huit Montagnes », et je n’en suis pas étonnée. L’auteur m’a vraiment emmenée avec lui dans la montagne, j’ai ressenti beaucoup de sincérité en lisant ce récit, que ce soit dans le plaisir de vivre de façon frugale dans un endroit isolé, quasiment abandonné, ou dans l’histoire d’amitié entre Bruno et Pietro.

Un très beau roman, intemporel, que je recommande chaudement.

Publié en Août 2017 chez Stock, traduit par Anita Rochedy, 304 pages.

27e lecture de la Rentrée Littéraire de Septembre 2017.

16 commentaires sur “Les Huit Montagnes – Paolo Cognetti

  1. J’ai lu plusieurs avis sur ce roman – mais son rythme et le sujet ne me tentent pas vraiment ces temps-ci; par contre je suis ravie que ce soit un coup de cœur pour toi ! c’est une jolie surprise 😉

  2. a priori le thème « montagne » n’était pas pour moi et pourtant ce livre est un coup de coeur, les rapports humains, l’évolution des deux garçons, la rudesse de cette vie montagnarde, tout cela m’a entraînée à ne pas le lâcher… Une très belle découverte, du coup je lirai peut-être son premier livre, apparemment plus autobiographique, Le garçon sauvage, chez10/18.

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