Sulak – Philippe Jaenada

 

Sulak est typiquement le genre de livre qui ne me disait absolument rien, et que j’ai découvert en étant « obligée » de le lire pour le prix ELLE.

Et j’ai aimé ce livre…car comment est-il possible de ne pas aimer Sulak ? A croire que Bruno Sulak a été sur terre dans le but d’être le héros d’un livre en 2014 : sa vie est un roman peuplé d’amour, d’amitié, de braquages, de principes et de tragédie. D’ailleurs la biographie tournerait presqu’à l’hagiographie tellement cet homme est aimable : beau, intelligent, bon fils, ami fidèle, amoureux romantique, une ligne de conduite, de l’humour… ses braquages sont futés, inventifs, sans aucune effusion de sang…ce qui montre que c’est possible-certains devraient en prendre de la graine.
Philippe Jaenada a choisi le style de l’oralité pour faire passer le message- très présent dans le récit, il ajoute son grain de sel toutes les deux phrases alors qu’il n’a rien à voir avec l’histoire, mais ayant écrit ce livre sur la base d’une enquête, avec rencontre des acteurs clés encore vivants (et il n’en reste plus beaucoup), il raconte l’histoire de l’intérieur, et j’ai senti qu’il portait une grande admiration pour Sulak, un peu comme un petit frère envers le grand. Connaissant les amis et la famille de Sulak, travaillant avec de l’information de première main, il m’a raconté l’histoire comme si j’étais attablée avec lui au café, et qu’il avait lui-même assisté aux scènes décrites, ce qui donne un récit extrêmement vivant, dans lequel je suis entrée très facilement, et qui ne m’a plus lâchée- il n’hésite d’ailleurs pas à donner son avis, à faire part de ses soupçons, à donner son ressenti… Certaines de mes co-jurées ont pu être rebutées par ce style un brin intrusif et ce niveau de langue familier, mais c’est finalement cela qui m’a permis de me laisser emporter dans le récit, de le vivre et de le ressentir de façon aussi proche : à la fin, Jaenada faisait partie de ma famille, Sulak aussi, tout comme les protagonistes principaux, Steve l’ami serbe à la vie à la mort-c’est le cas de le dire- et Thalie, l’amoureuse mythique, la Bonnie de son Clyde, pour laquelle j’ai bien senti que le cœur de Jaenada battait un peu plus vite. Tous les personnages sont extrêmement bien incarnés, et Jaenada parvient à les construire, à les faire évoluer de manière extrêmement vivante et dynamique, et à les rendre sympathiques et attachants.
Les biographies peuvent parfois être un peu sèches, un peu trop informatives, mais ce n’est pas le cas pour Sulak, et j’ai vraiment eu l’impression de lire un roman-je savais dès le départ que ça allait mal finir, mais j’ai été portée par le rythme, le suspense, la fluidité de l’écriture et mon attachement à Sulak et aux autres personnages, en ayant le fol espoir qu’il s’en sorte quand même, et qu’il soit aujourd’hui un paisible retraité sur une plage brésilienne.
C’est donc un livre que j’ai beaucoup aimé, un de mes préférés de la sélection « roman » du prix ELLE, et qui pour moi a de bonnes chances pour remporter le prix.

8 commentaires sur “Sulak – Philippe Jaenada

  1. Ah, j'ai beaucoup aimé… En général, j'aime bien Jaenada, son esprit qui bat la campagne, ses digressions et parenthèses sans fin. Là, il s'attaque à une biographie – à sa manière… et j'ai trouvé que ça lui réussissait bien.

    1. oui, il s'en sort très bien. J'ai eu le plaisir de le rencontrer grâce à ELLE au salon du livre et il est vraiment sympathique, charismatique, charmant…bref, il ressemble à sa plume.

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *