Le Fils – Philipp Meyer

Attention, valeur sûre de la rentrée littéraire, « Le Fils » de Philipp Meyer!

Cette fresque familiale, située au Texas, s’attache à trois générations de Mc Cullough, de 1850 à nos jours: Eli, qui, adolescent, sera kidnappé par les Indiens, son fils Peter, et son arrière-petite-fille Jenny. Ce roman aurait pu s’appeler « De sang et de fureur » tant cette famille est marquée, à chaque génération, par la violence et la mort. Une génération se bat contre les Indiens, la suivante contre les Mexicains, la troisième sera consacrée à la recherche du pétrole. Âmes sensibles s’abstenir, il y d’ailleurs quelques scènes extrêmement violentes, avec des descriptions graphiques assez insoutenables. Je n’ai cependant pas trouvé cette violence gratuite, elle est juste symptomatique de la vie de l’époque.

 

 

 Les trois histoires s’entremêlent, ce qui est parfois frustrant car « Le Fils » est un pavé qui se lit sans faim. Or la partie concernant Eli est à mes yeux la plus passionnante et je n’avais pas toujours forcément envie de passer à une autre histoire, même si cela me permettait parfois de souffler un peu après quelques scènes particulièrement éprouvantes, et que cela faisait durer l’envie et le suspense. Il faut dire que Philipp Meyer a une maîtrise étonnante des descriptions, que ce soit des scènes de la vie indienne, ou des grands espaces. Alors que je ne suis pas familière des westerns, il m’était facile de visualiser ce que je lisais. D’ailleurs, chapeau à l’écrivain pour ses recherches sur les moeurs des tribus indiennes, car il y a luxe de détails extrêmement intéressants sur la chasse, sur le commerce, sur la vie amoureuse, et également l’ utilisation extensive d’un langage indien, qui se mêle sans problème au récit.

Le seul petit bémol serait que je me suis beaucoup plus attachée à l’histoire d’Eli qu’à celles de Peter et de Jenny, même si ces deux dernières étaient intéressantes et de qualité. Il faut dire que l’histoire d’un adolescent kidnappé par les Indiens et vivant avec eux mettait la barre très haute, et la vie de ses descendants m’a paru un peu fade, même si j’ai aimé les doutes de Peter, personne douce et sensée sur les moeurs violentes de son entourage et si j’ai apprécié que l’auteur ait créé le personnage de Jenny, une femme de tête dans un milieu essentiellement masculin. J’ai pourtant parfois eu l’impression que Peter et Jenny n’étaient pas assez étoffés par rapport à Eli et qu’ils lui servaient de faire-valoir. J’ai d’ailleurs été étonnée d’apprendre par mes collègues de Bibliomaniacs que Philipp Meyer avait d’abord écrit- séparément- les histoires de Peter et de Jenny- puis ensuite celle d’Eli, car j’avais le sentiment que c’était l’inverse.
En tout cas, c’est un livre passionnant, dont je n’ai pas vu passer les 700 pages, dévorées à une vitesse record. « Le fils » est un roman qui m’a vraiment donné beaucoup de plaisir, et dont j’admire la qualité d’écriture, autant dans le style que dans les descriptions et le réel travail de l’auteur pour reconstituer le Texas et les moeurs de l’époque, qu’elles soient américaines ou indiennes.
Merci à Marlène des éditions Albin Michel

12 commentaires sur “Le Fils – Philipp Meyer

  1. Une amie me l'a prêté à la suite du Festival America mais je n'ai pas réussi à le lire pour mon mois. 🙁 Je suis complètement à la traîne depuis la rentrée ! Mais tu confirmes totalement ce qu'elle m'en a dit.

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