« Le Complexe d’Eden Bellwether » de Benjamin Wood est un premier roman anglais, qui a récemment reçu le Prix du Roman Fnac, aux choix que je trouve souvent pertinents: j’ai notamment beaucoup aimé « Rien ne s’oppose à la nuit » de Delphine de Vigan, ou « Chambre 2 » de Julie Bonnie.
Ce livre m’a laissé une impression mitigée. J’ai aimé l’atmosphère et les personnages, j’ai trouvé les thèmes abordés – l’hypnose, les guérisseurs, les personnalités narcissiques, la psychologie, la manipulation – plutôt fascinants. L’introduction dans le récit du psychologue et écrivain Herbert Crest, qui rencontre Eden en tant que spécialiste des délires narcissiques mais aussi en tant que cancéreux ayant un mince espoir d’être soigné par Eden grâce à l’hypnose, donne un point de vue vraiment intéressant sur l’histoire racontée. Le personnage d’Eden est tout à fait passionnant, notamment dans son rôle au sein de la bande: tous sont au fond convaincus qu’il a un problème, mais il a une telle influence que tous le suivent dans ses expériences d’hypnose – même sa soeur Iris ne fait rien pour s’interposer dans la séance d’hypnose dont Oscar fait les frais alors que c’est son petit ami – et tout en étant un brin décalé de la bande de part sa personnalité, il en est le ciment: quand il n’est pas là, il n’y a pas de conversation, et peu d’action alors que tous se connaissent depuis des années.
L’auteur, Benjamin Wood |
Le fait que l’ambiguïté sur Eden règne sur tout le récit, qu’on ne sache jamais vraiment s’il est un imposteur – et s’il le sait – ou s’il a un véritable don (car sa sœur, après un accident, est sur pieds beaucoup plus vite que prévu) crée une tension tout le long du roman, tout comme la suspicion sur le rôle véritable d’Iris, qui d’un côté semble s’inquiéter et demande à Oscar de l’aider dans son enquête pour prouver la folie d’Eden, et de l’autre fournirait peut-être des informations à son frère lui permettant d’être plus crédible.
Cependant, je n’ai pas été convaincue par la « manipulation », la « machination » à grande ampleur que l’on découvre. L’idée est là, mais la construction est un peu trop lâche, mal aboutie. Les lacets sont sur la chaussure, mais pas assez serrés pour la maintenir en place. La fin m’a semblé exagérée, et assez peu crédible.
Dommage car tous les ingrédients étaient là: une idée brillante, des personnages intéressants, des thèmes passionnants, une grande érudition en littérature et en musique, une écriture fluide et pertinente… C’est un roman agréable à lire, qui a du potentiel – et l’auteur est clairement prometteur- mais que je n’ai pas trouvé assez abouti pour me convaincre totalement.
Treizième contribution au Challenge 1% rentrée littéraire 2014 de Hérisson, j’entame donc mon 3e % .
Il me faisait très envie depuis sa sortie, tu douches un peu (beaucoup) mon enthousiasme.
je serais curieuse d'avoir ton avis sur ce livre…
Oh zut, il est sur ma liste, c'est un de ceux que j'ai le plus envie de lire en cette rentrée. Oh non….
en même temps, je n'ai pas été conquise par Jacob Jacob, et toi tu as beaucoup aimé, donc tout n'est pas perdu 🙂
Je n'en dirai pas plus, mais j'ai beaucoup aimé de mon côté 🙂
Et ton avis est maintenant en ligne avec les Bibliomaniacs 🙂