Une enfance dans la gueule du loup – Monique Levi-Strauss

Voici un document autobiographique que j’avais vraiment très envie de lire tant le sujet avait éveillé ma curiosité : alors que sa femme était juive, le père de Monique Levi-Strauss (veuve de Claude), avait décidé de s’installer en famille en Allemagne pendant la guerre…Je pensais que c’était par idéologie… mais non, pour le travail, et surtout par inconscience.

Le père de Monique est un Belge, Jules Roman, issu d’une famille pauvre et obligé de quitter l’école pour travailler dans une boulangerie. Afin de s’en sortir, il devance l’appel lors de la première guerre mondiale, ce qui lui permettra d’accéder aux études, jusqu’à Harvard. C’est d’ailleurs à Boston qu’il rencontrera la mère de Monique, issue d’une famille juive américaine d’origine autrichienne.

Monique Levi-Strauss

En 1939, alors que Jules Roman est désormais père de deux adolescents, et que la guerre gronde, il envoie sa fille en séjour linguistique… en Allemagne. Celle-ci réussira à retourner en France dans des conditions rocambolesques mais cela ne calmera pas pour autant le père qui décidera d’accepter une proposition d’emploi dans un grand groupe métallurgique allemand (pour lequel, coïncidence, j’ai également travaillé!) et partira s’installer outre-rhin avec femme et enfants…en déclarant au préalable à son employeur que son épouse est juive.

Même si le sujet est à la base passionnant, j’ai été déçue par ce témoignage, dont je salue pourtant l’honnêteté et la pudeur. Déjà parce que Monique Levi-Strauss donne énormément de détails sur sa généalogie, par exemple, qui ne sont pas du tout primordiaux pour le récit, et reste assez évasive sur des éléments importants. D’ailleurs, le livre, déjà assez court, comporte toute une partie sur sa vie après la guerre, et notamment son séjour aux Etats-Unis. Il y a donc finalement assez peu de choses dites sur la période de la guerre. Cependant, le récit a été écrit de nos jours, soit 70 ans après les faits, ce qui peut expliquer cela. En effet, Monique Levi-Strauss note qu’à la libération, elle n’a pas ressenti d’intérêt de la part de ses interlocuteurs pour ce qu’il s’était passé durant la guerre. Mais j’ai trouvé le récit malheureusement assez terne, avec des faits qui m’ont fait sursauter et sur lesquels elle passe très rapidement, par exemple, lorsqu’elle raconte qu’elle travaille dans un hôpital et soigne des déportés de Buchenwald blessés lors des bombardements alliés, avant qu’ils soient renvoyés au camp (!).

Mais finalement, ce qui m’a beaucoup étonnée dans ce récit, est que la « gueule du loup » a été finalement salutaire pour Monique et sa famille. En effet, à part un court séjour en prison pour son père en 1940, la famille ne sera jamais inquiétée, alors que le père avait déclaré à son employeur que son épouse était juive, et que celle-ci était de plus américaine, donc doublement « ennemie ». Monique a pu aller au lycée, puis à l’université, sa mère a eu des problèmes de santé et a été soignée…ce qui est assez incroyable. Auraient-elles eu le même destin si le père avait été moins inconscient et était resté en France? On peut en douter.

 C’est donc un récit édifiant, mais qui ne m’a pas fait du tout vibrer. Je l’ai trouvé trop plat, trop terne, et j’ai tourné les pages plus par obligation que par réel intérêt ou plaisir de lecture. Dommage, Monique Levi-Strauss a l’air d’être une personne extrêmement intéressante, qui a eu une vie passionnante, mais cette autobiographie ne lui rend pas vraiment justice.

32e contribution au Challenge 1% rentrée littéraire organisé par Hérisson.

Et 7e catégorie (Autobiographie et témoignage) validée pour le challenge « Le mélange des genres » de Miss Léo.

9 commentaires sur “Une enfance dans la gueule du loup – Monique Levi-Strauss

    1. c'est vrai que c'est un peu facile de dire "je voudrais que l'auteur raconte la guerre comme ceci…" mais j'ai été déçue par le fait que le livre avait tout pour être passionnant, alors que je l'ai trouvé bien terne…

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