Passion Arabe – Gilles Kepel

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« Passion Arabe » était l’un des deux documents que je devais lire pour la sélection du mois de Décembre du Prix ELLE. Les résultats sont parus ce matin, et c’est lui qui a gagné, contre « Le Garçon Incassable » de Florence Seyvos, ce qui a fait couler beaucoup d’encre au sein de notre petit groupe de jurées.

 

L’étonnement n’était pas provoqué par la qualité du livre, mais bien par sa densité et sa complexité, beaucoup plus adaptées à un lectorat universitaire, qu’à un Prix Littéraire plutôt orienté grand public. Il semble donc improbable que toutes les jurées de Décembre soient allées jusqu’au bout de ce document exigeant en terme de temps, de connaissances et de concentration. Quand on pense que cette lecture était imposée et faisait partie d’une sélection de sept livres à lire en moins de deux mois, les conditions n’étaient vraiment pas réunies pour que Passion Arabe rassemble les foules, surtout face au « Garçon Incassable », document court, agréable à lire et d’accès facile.
Peut-être que je sous-estime le niveau de mes co-jurées de Décembre, peut-être aussi que certaines ont mis de côté leur plaisir de lecture pour souligner le côté méritant de ce document, résultat de deux ans d’enquête sur le terrain?
Pour ma part, le coeur de ce document, les révolutions arabes et l’influence des islamistes sur la reprise en main des pays concernés m’intéressait beaucoup et j’étais curieuse d’en apprendre plus sur ce sujet que je maîtrise mal mais qui est clairement d’actualité.
Je suis également directement concernée au niveau professionnel puisque je travaille avec plusieurs pays musulmans, notamment la Tunisie et l’Egypte, qui ont fait l’objet d’une révolution arabe.
La découpe de ce journal en chapitres dédiés chacun à un séjour de l’auteur dans un des pays impactés facilite la lecture, mais moi qui suis une néophyte sur ce sujet, j’ai été rapidement perdue dans l’avalanche des noms, personnes rencontrées et termes spécifiques, notamment ceux concernant les différents courants de l’Islam, et la lecture s’est révélée beaucoup plus fastidieuse (et ennuyeuse) que ce que j’attendais, même si je reconnais qu’il m’a ouvert à des problématiques méconnues, notamment la révolution de Bahrein, dont je n’avais jamais entendu parler…
En effet, Gilles Kepel est un grand spécialiste du monde arabe, on le comprend rapidement puisqu’il parle beaucoup de lui, voire même un peu trop, même si le terme ‘journal’ légitime cette tendance un brin égocentrique. Ce n’est cependant pas mon cas, et j’aurais souhaité au minimum un lexique définissant les termes clés (chiisme, sunnisme, salafisme…), une carte géographique, et une rapide biographie des personnages essentiels du monde arabe qui sont évoqués dans l’ouvrage, afin de mieux appréhender ce document, qui pour moi s’adresse plus à des personnes déjà familiarisés avec l’Islam et le monde arabe (universitaires, orientalistes…), qu’au grand public dont je fais partie.
C’est dommage car même si je suis allée cahin-caha  jusqu’au bout, le livre avait tendance à me tomber des mains, alors qu’il aurait pu vraiment m’apporter beaucoup plus de connaissances avec l’ajout de quelques pages explicatives ou de notes de bas de page. J’ai l’impression d’être passée à côté du sujet, alors que Gilles Kepel, avec son expérience des pays arabes, sa connaissance de la langue, des personnes clés et des différences mouvances religieuses, aurait vraiment pu éclairer ma lanterne, au lieu de me laisser frustrée et sur ma faim. En résumé, une rencontre ratée…
L’avis de Galéa

5 commentaires sur “Passion Arabe – Gilles Kepel

  1. Je pense qu'il passe beaucoup mieux lu chapitre par chapitre, avec du temps pour digérer les informations, plutôt que lu en quelques jours comme je l'ai fait, pressée par le temps pour pouvoir rendre mes critiques à l'heure…là c'est l'indigestion assurée, et c'est dommage car c'est un livre qui vaut la peine qu'on s'y intéresse.

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