Les Réputations – Juan Gabriel Vasquez

J’avais « Les Réputations » de Juan Gabriel Vasquez, que j’avais découvert avec « Le bruit des choses qui tombent », sur ma pile à lire depuis un certain temps déjà, et je ne savais plus vraiment quel était le thème de ce roman. Hasard du calendrier, je l’ai enfin lu dans la semaine qui a suivi l’attentat de Charlie Hebdo. Et clairement, cela m’a fait un choc de lire la première phrase : « Face au parc Santander, Mallarino se faisait cirer les chaussures en attendant d’aller à la cérémonie qui aurait lieu en son honneur, quand il eut tout à coup la certitude d’avoir vu un caricaturiste mort ».



Javier Mallarino est un célèbre caricaturiste colombien, qui n’a jamais fait de concessions  sur ses dessins, malgré le danger potentiel. Là encore, une phrase, que prononce sa femme Magdalena,  m’a fait frémir : « Dans ce pays, on tue des gens pour moins que ça, lui disait-elle lorsqu’un de ses dessins étrillait un militaire ou un narcotrafiquant. » Alors qu’il vient d’avoir droit à la consécration en grandes pompes de ses quarante ans de carrière, il est abordé par une jeune femme, Samanta, qui lui rappelle un événement qui s’est déroulé il y a 28 ans, et à la suite duquel Javier Mallarino avait fait une caricature aux conséquences tragiques. Mais était-il bien sûr de ses informations?

 

Ici il n’est pas question de caricaturistes qui se font tuer, mais de caricatures qui tuent. D’ailleurs la caricature évoquée dans le roman aurait pu être un article de presse, voire même un film, un livre ou une chanson car Mallarino, en tant que caricaturiste dans un journal est un mix d’artiste et journaliste, et il s’agit plutôt du pouvoir qu’ont les hommes des médias et les artistes de faire ou défaire des réputations, et de la nécessité de vérifier les informations utilisées, avant de les dévoiler au grand jour.

« Les réputations » retracent la carrière de Mallarino, sa vie familiale, et posent bien le personnage, reconnu dans son métier , fier de son indépendance, lui qui claqua la porte de l’un des plus grands journaux parce qu’un de ses dessins avait été en partie censuré, jusqu’au jour où le fait de revoir Samanta fait voler en éclat toutes ses certitudes.

C’est un roman dont la fin m’a légèrement déçue, mais c’est une belle lecture, qui pose des questions importantes sur le rôle et le devoir des journalistes et sur la réputation des personnages publiques.

35e contribution au Challenge 1% rentrée littéraire 2014 organisé par Hérisson

 

Publié aux Editions Seuil le 21 août 2014, traduit par Isabelle Gugnon, 192 pages.

11 commentaires sur “Les Réputations – Juan Gabriel Vasquez

  1. J'ai lu ce roman au même moment que toi. Comme toi, je l'avais dans un coin de ma tête, et les événements de janvier l'avaient hissé au premier rang.
    Mais j'avoue avoir été déçue. J'ai trouvé que le sujet n'était pas approfondi et, surtout, que ce caricaturiste manquait d'envergure et de force. Bref, j'ai été très déçue…

  2. J'avais bien aimé Le bruit des choses qui tombent. Pas parfait, quelques longueurs, mais un ensemble qui tenait la route et qui valait le coup d’œil pour découvrir la Colombie. Une destination pas très enchanteresse et la plume de l'auteur est plus belle que les balles assassines. Alors, celui-là pourrait être une idée pour poursuivre avec Juan Gabriel Vasquez.

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