Difficile de passer à côté de « Ce n’est pas toi que j’attendais », roman graphique ayant été l’objet de moults billets laudatifs sur la blogosphère.
Fabien et Patricia, déjà parents d’une petite Louise de quatre ans n’auraient jamais dû avoir d’enfant trisomique. Nous sommes en 2009, et les dépistages lors des tout premiers mois de la grossesse permettent de détecter précocément le handicap. Seulement voilà, tout un enchaînement fait que la trisomie 21 de la petite Julia ne sera découverte, non pas pendant la gestation, mais quelques jours après sa naissance. Le ciel tombe sur la tête de Fabien : d’heureux papa plein de belles perspectives, il se retrouve du jour au lendemain stigmatisé en père d’enfant handicapé, et se sent ligoté à vie à un boulet qui suscitera uniquement moqueries ou commisération.
Fabien Toulmé, dans ce roman graphique autobiographique, retrace les mois de la grossesse, cette angoisse qu’ont tous les parents d’avoir un enfant malade ou handicapé, les tests qui rassurent, et puis cette sourde peur qui l’étreint, quand il voit finalement son bébé, et qu’il lui trouve une drôle de tête, malgré les dénégations du corps médical. Lorsque finalement le diagnostic est posé, c’est le coup de massue, le sentiment d’injustice, la colère, les larmes, la peur du futur, le regard des autres. L’heureux événement devient triste, cruel, amer. Fabien Toulmé évoque les premiers jours lorsqu’il faut répondre aux messages de félicitations en annonçant le handicap, la haine que l’on ressent en croisant les jeunes parents rayonnants à la maternité, l’espoir furtif que le bébé ne survive pas à sa malformation cardiaque. Comment un parent peut-il accepter un enfant, l’aimer alors qu’il pense que ce bébé va lui gâcher toute sa vie, qu’il serait mieux sans lui?
Fabien Toulmé est très sincère, parfois brutalement honnête, et il ne cache rien de ses larmes, de son rejet de Julia, puis de la lente évolution de ses sentiments envers sa fille, de l’éveil de son amour pour elle, de l’intensité du bonheur qu’elle lui donnera finalement. L’histoire est vue de ses yeux, et même si Patricia est très présente, c’est le point de vue personnel de Fabien qui est donné, c’est son cheminement propre qui est décrit.
C’est bien entendu un coup de coeur, que je conseille même à ceux qui ne lisent habituellement pas de romans graphiques – le dessin est précis et les couleurs sont sobres, donc rien qui puisse rebuter les novices en bandes dessinées. Très honnêtement, je ne vois pas comment on peut rester indifférent à cette histoire, ne pas être touché en plein coeur, ne pas refermer ce livre sans aimer la petite famille, sans aimer Julia.44e contribution au Challenge 1% Rentrée littéraire 2014 organisé par Hérisson.
Et une 5e pépite pour le non-challenge de Galéa « Les pépites de l’année 2014-2015 »
Publié le 8 Octobre 2014 aux Editions Delcourt, 256 pages.
Ton billet donne vraiment envie de découvrir cet ouvrage ! La sincérité doit participer pour une bonne part à cette réussite d'après ce que tu dis.
entièrement d'accord avec toi! J'ai eu un coup de coeur aussi. Un beau récit sans concession, qui montre le cheminement d'un père.
Coup de cœur partagé… évidemment…! 😉
Ravi que tu aies été emportée à ton tour par ce témoignage si sincère et si touchant !
Encore un très bon avis sur cet album qui remporte tous les suffrages ou presque ! Pour moi aussi il fait partie des pépites de cette année !
Je n'aime pas du tout les bd mais tous les avis que je lis et le sujet lui-même me donnent envie d'essayer.
@Margotte: oui c'est ultra sincère, et c'est cette sincèrité qui rend le livre aussi touchant qu'accessible
@Enna: tu avais fait un beau billet sur ce livre
@Noukette : je n'ai pas lu un avis négatif!
@Jérôme : ouiiiii!!!
@Caro: une vraie pépite, oui
@tant qu'il y aura des livres: il est très accessible même pour les gens pas fana des supports graphiques.
Oui c'est un roman graphique qui bouscule, et moi aussi j'ai retenu mes larmes. Et je confirme, mais ceux qui ne sont pas habitués à ce format (c'est mon cas), y trouveront leur compte.
Merci de ta participation Max vav'
@ Galéa : je ne pouvais pas ne pas le pépiter!