Et tu n’es pas revenu – Marceline Loridan-Ivens et Judith Perrignon

  
Soixante-dix ans après la libération des camps, « Et tu n’es pas revenu » de Marceline Loridan-Ivens et Judith Perrignon est un document bouleversant et plus que nécessaire.

Marceline a été arrêtée et déportée à Auschwitz en même temps que son père, en Février 1944, alors qu’elle avait quinze ans. Sa mère et ses frères et sœur ont quant à eux échappé à la déportation.
Ce livre est une lettre ouverte à son père, qui, comme le titre l’indique, n’est pas revenu de déportation. Une lettre qui vient en réponse à ce petit mot qu’il lui avait fait parvenir alors qu’elle était à Birkenau et lui à Auschwitz, à quelques kilomètres, sans doute à grands frais, et au péril de sa vie, et dont elle n’a plus guère de souvenirs, ce petit mot qu’elle aurait tant voulu conserver.
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Marceline Loridan-Ivens
Même si Marceline Loridan-Ivens évoque sa propre déportation, c’est plutôt son lien avec son père et l’après-déportation sans lui qui est le sujet du livre. Dès l’arrestation, son père lui dira qu’elle reviendra, et pas lui, car elle est jeune. Marceline reviendra effectivement des camps, avec la culpabilité d’être revenue à la place de son père, estimant que sa famille avait besoin du retour du mari et du père, et pas du sien. Une famille qui n’aura pas été déportée mais qui sera « malade des camps », que les camps auront détruite : la soeur se suicidera, et le frère deviendra fou, se tatouant SS sur le bras et persécutant Marceline. C’est vraiment un angle à la fois bouleversant et pertinent du récit : montrer les profonds dommages collatéraux de la Shoah.
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Marceline ne sera pas attendue à la sortie des camps, au propre comme au figuré : aucun membre de sa famille ne sera au Lutétia, ou à la gare de sa petite ville pour l’accueillir, mais ne sera également capable de l’écouter, de comprendre ce qu’il lui est arrivé. Et il faut vivre avec l’absence du père, celui qui aurait su, qui aurait compris puisqu’il avait vécu la même chose. On ne sait même pas quand, où et dans quelles circonstances le père de Marceline, M. Rosenberg, a été assassiné. Comment faire son deuil dans ces circonstances? Marceline aura été séparée de son père plus tard que le reste de la fratrie, pourra visualiser où il a passé les derniers mois de sa vie, et dans quelles conditions, et cette phrase m’a bouleversée : « Je t’aimais tellement que j’étais heureuse d’être déportée avec toi »
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« Et tu n’es pas revenu » est un livre profondément marquant sur l’amour d’une fille pour son père, et sur l’après-déportation : les familles détruites, les blessures psychologiques des enfants dont les parents ne sont pas revenus, les difficultés à trouver un sens à sa vie après avoir été déportée, avec cette question douloureuse en conclusion « A-t-on bien fait de revenir des camps? ». A lire absolument.
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Publié le 4 février 2015 aux Editions Grasset, 112 pages.
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9e participation au Challenge Rentrée Hiver 2015 organisé par Valérie et hébergé par Laure de Micmelo et participation au Mélange des Genres organisé par Miss Léo dans la catégorie « Autobiographie et témoignage ».
challenge rentrée d'hiver

6 commentaires sur “Et tu n’es pas revenu – Marceline Loridan-Ivens et Judith Perrignon

  1. Dans son roman " la réparation" colombe Schneck parlait de ces dégâts collatéraux. Dans sa famille certains étaient malades des camps alors qu'ils n'y étaient pas allés , incroyablement impactés. J'avais trouvé cela impressionnant et très interessant

  2. @Clara: on est d'accord
    @Laure: désolée de n'avoir pas pu te le prêter!
    @Mior:oui c'est vrai que Colombe Schneck en parlait, j'avais oublié
    @Noukette : je suis sûre qu'il te plaira

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