J’ai lu « L’annonce » grâce à un échange de bons procédés avec ma mère : elle a découvert Marie-Hélène Lafon grâce à mon billet sur « Joseph », que j’avais beaucoup aimé, et elle a donc lu « L’annonce » du même auteur…que je lui ai emprunté.
J’ai retrouvé dans « L’annonce » ce que j’avais aimé dans « Joseph » : une très belle langue, et la description juste et délicate de gens simples. J’ai senti que Marie-Hélène Lafon était attachée à ses personnages et à leur volonté de prendre les devants pour rompre avec une tradition de coups de dur et de solitude. Paul, qui a subi une déception amoureuse, ne veut pas se résoudre à un célibat qui semble être la norme dans sa cellule familiale, entre sa sœur Nicole et ses oncles, éternels vieux garçons, et passe une petite annonce pour avoir enfin une vie conjugale. Annette fait de son mieux pour élever son fils à l’abri de son ex-mari, qui a sombré dans l’alcoolisme et a même été envoyé en prison. Elle mène une vie difficile dans le Nord, et cette petite annonce est pour elle une porte vers un monde meilleur, une vie stable à la campagne, auprès d’un homme ayant les pieds sur terre et un vrai travail, loin de la misère, de la violence et de la délinquance. Elle saisit donc sa chance et n’hésite pas à tout quitter pour aller vivre à des centaines de kilomètres avec son fils, là où elle ne connaît personne.
Marie-Hélène Lafon décrit avec beaucoup de finesse toute une galerie de personnages, notamment la famille de Paul, entre sa sœur Nicole, hostile à l’arrivée d’Annette, et les vieux oncles perturbés par ces deux étrangers qui rompent leur routine ancestrale. Annette et son fils, ouverts, optimistes, travailleurs, vont découvrir la vie à la campagne, la ferme, les animaux, et faire leur trou, petit à petit, dans ce monde nouveau pour eux mais dans lequel ils sentent qu’ils peuvent trouver leur place et être enfin paisibles et heureux. Pour Paul aussi, leur arrivée est le moyen d’avoir enfin sa famille à lui, une femme, un enfant, de s’opposer à sa sœur et à ses oncles qui souhaitent uniquement que rien ne change, et d’avoir enfin un futur, et pas une succession de jours similaires dans la solitude, jusqu’à ce que mort s’en suive.C’est très bien écrit, c’est souvent pertinent et bien vu, et « L’annonce » est un livre très agréable à lire, et plein d’humanité. J’ai pourtant été déçue par le fait que Marie-Hélène Lafon n’aborde pas vraiment la relation entre Paul et Annette. On suit leur évolution, leurs actes, mais de façon personnelle, et pas du tout en couple. Que pensent-ils l’un de l’autre, comment bâtissent-ils leur relation, comment appréhendent-ils la vie à deux, alors qu’ils se connaissent à peine et se retrouvent à vivre l’un avec l’autre sans avoir connu une période de flirt et de rapprochement graduel? J’ai trouvé que cette ellipse était étonnante et qu’il y avait un vrai manque dans le récit. « L’annonce » n’a pas non plus de véritable fin, le livre se finit de façon assez abrupte, et cela m’a également déçue.
C’est dommage, car c’est un livre avec un sujet original – tout du moins en littérature -, écrit avec une belle plume, et avec une vraie psychologie des personnages. Ces bémols m’ont fait quand même préférer « Joseph », mais « L’annonce » de Marie-Hélène Lafon reste néanmoins un beau roman à découvrir.
Publié le 3 Septembre 2009 aux Editions Buchet Chastel, 195 pages. Disponible en poche chez Folio.
j'ai une préférence pour L'annonce.
Bonjour Eva, vu que je n'ai lu que L'annonce je ne pourrai pas comparer. C'est en effet écrit dans une très belle langue. http://dasola.canalblog.com/archives/2009/11/19/15325536.html Et je compte bien lire Joseph et Les pays. Bonne fin d'après-midi.
@Clara: je peux comprendre, car il y a plus de personnages, c'est un roman plus ouvert que Joseph, qui est très centré sur le personnage éponyme.
@Dasola : je veux également lire Les Pays…